• atelier-lecture du 13 octobre 2016

    L'atelier-lecture de la Tertulia a pour but de réunir tous les membres de l'association qui aiment lire pour leur permettre d'échanger sur leurs coups de cœur, leurs émotions, leurs opinions et leur plaisir en toute convivialité.
    RDV Jeudi 10 novembre 2016 à 14h15 chez Pierrette

    Liste des livres en circulation : cliquer ici 

    Compte-rendu de l'Atelier lecture du 13 octobre 2016

    « Marie Curie prend un amant » Irène Frain
    Avis de Marie-Lou :
    Très intéressante biographie (amoureuse…) de Marie C. Le texte est bien écrit, donnant envie de poursuivre les aventures de ce groupe de têtes pensantes constitué des Curie, des Borel, des Langevin et même Einstein… On découvre le personnage de Paul Langevin sous une facette : en plus d’être un grand savant, c’est un homme politique engagé (Comité de vigilance des intellectuels anti- fascistes) en cette période trouble (affaire Dreyfus encore là, séparation de l’église et de l’état) pendant laquelle ce sont les politiques qui décident qui doit entrer à l’Académie des Sciences, qui doit enseigner à la Sorbonne et même qui doit obtenir le prix Nobel !!!
    Mais à mon avis le plus intéressant dans ce livre, c’est comment au fil des pages, on découvre une femme ordinaire, qui aime, qui est malade, qui a des enfants qu’elle a désirés et dont elle s’occupe très bien, qui craque à la fin, face à l’adversité ; tout cela loin des clichés la représentant mal fagotée dans son austère robe noire couverte d’un châle sombre avec son chignon et ne vivant que pour ses expériences. Elle était deux personnages : celui que l’on connaît comme étant Mme Curie la « veuve illustre », sérieuse et inébranlable chercheuse et celui que l’on découvre, la sensuelle Marie SKLODOWKA, femme, mère et amante passionnée. Grâce à quelques photos et à des documents soigneusement étudiés, Irène Frain nous dévoile comment l’icône Marie Curie, la « sainte vierge de la science » était en fait une femme amoureuse normale « prête à traverser le feu pour ceux qu’elle aime » (exactement comme chacune d’entre nous, n’est-ce pas ?)
    J’ai beaucoup aimé ce livre et conseille aux prochains lecteurs de visionner sur « You Tube » le document mentionné page 354. Pour comparer, lisez une autre biographie de M.Curie, complètement différente, par Janine TROTEREAU. « le livre sera chez Pierrette). Les deux sont à lire !

    « Solstice » José Carlos Llop
    Avis de Jeanine :
    José Carlos Llop est né à Majorque en 1956. Il est l’auteur de nombreux romans, récits, essais et d’un journal de cinq tomes. Il a obtenu plusieurs prix aussi bien Espagne qu’en France.
    Le récit se situe en 1960 à Majorque. C’est l’été et comme tous les étés la famille Llop s’installe dans le pavillon de commandement près d’une caserne militaire, dans la partie la plus aride de l’île, à quelques km de Palma où ils vivent tout le reste de l’année. Comme dans « Le désert des Tartares » de Dino Buzatti, l’ennemi n’apparaîtra pas mais les canons sont pointés vers l’horizon. Le lieutenant-colonel est le père de l’auteur.
    C’était un autre monde : « Tous les étés étaient le même été. Toutes les mers étaient la même mer. Le temps était la totalité du temps. » Pour Llop ces vacances austères ramènent à l’épure de la condition humaine, à la joie simple de se sentir vivre. Même s’il s’agissait, cet été-là, des dernières vacances à Majorque avant l’arrivée des touristes, l’île est restée figée dans la mémoire de l’auteur, paradisiaque, porteuse d’un bonheur fondé sur l’affection toujours vive pour ses parents. Dans une interview, José Carlos Llop répond : « le paysage que je décris était primitif, sec, lumineux, avec la bible et l’Odyssée comme compagnie » ou encore : « Solstice raconte le regard d’un enfant dans sa découverte de la vie et du monde. »
    C’est un récit splendide, poétique qui traduit la grâce du souvenir et est traversé de références mythologiques et littéraires.

    « La double vie de Jesùs » Enrique Serna
    Avis de Martine :
    L’auteur est né en 1959 au Mexique où il vit. Il a fait des études de lettres. Scénariste, essayiste, chroniqueur, il connaît un vif succès dans son pays. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, a été saluée par G. Garcia Marquez. En France trois romans ont été publiés : « La peur des bêtes », « Quand je serai roi » et « Coup de sang » (prix Antonin Artaud).
    Voici un roman jubilatoire, à l’humour noir ravageur, au réalisme cruel, désespérant et dénonciateur d’une vie politique totalement corrompue et aux mains des cartels de la drogue. L’auteur dézingue le foutoir ravagé de cette classe politique ainsi que l’homophobie régnant dans le pays. De plus, c’est un thriller passionnant ainsi qu’une originale et belle histoire d’amour..
    Alors, cela commence ainsi. Dans la ville de Cuernavaca la vie quotidienne est ponctuée par des échanges de coups de feu, la découverte de cadavres décapités car les cartels de la drogue s’y disputent la place. Des élections municipales vont s’y tenir et un vertueux commissaire aux comptes, Jesùs Pastrana, est pressenti pour être le candidat de son parti. La justice et la légalité sont ses idéaux. Il est d’ailleurs surnommé »Le sacristain » pour sa rigueur morale et budgétaire. Alors Jesùs s’enflamme, fait campagne dans les quartiers pauvres dénonçant la corruption et la criminalité, devenant ainsi un personnage très gênant. Mais cet homme intègre va s’apercevoir très vite combien il est difficile de conserver sa droiture et va se retrouver bientôt le dos au mur piégé entre les pouvoirs institutionnels et le crime organisé qui ne le lâche pas. Sa situation va encore plus se compliquer quand il va rencontrer un soir de désespoir une magnifique jeune prostituée transexuelle dont il va tomber éperdument amoureux… C’est le genre d’amour interdit, scandaleux, fatal pout la réputation d’un homme politique. Alors….
    Superbe roman noir, réaliste, drôle, aux personnages hauts en couleur et au langage cru. L’auteur ne se cache pas derrière son petit doigt pour décrire une société ravagée par la criminalité, la corruption et l’intolérance. Magistral !

    « La nuit du bûcher » Sandor Marai
    Ce livre a déjà été présenté par Jeanine et Maurice.
    Avis de Martine :
    Rappel : Venu prendre des « leçons d’inquisition » à Rome en 1598, un jeune carme d’Avila, déjà connaisseur en la matière…., demande à assister à la dernière nuit d’un condamné qui, malgré sept ans de prison et de tortures, ne s’est jamais repenti. Cet homme, c’est Giordano Bruno né en 1548 et mort brûlé vif à Rome en 1600. C’est un ancien frère dominicain qui a développé la théorie de l’héliocentrisme et a montré la pertinence d’un univers infini. Accusé d’hérésie, d’athéisme et de blasphème, il est condamné à mort. La 1ère de couverture du livre nous montre d’ailleurs la statue en bronze réalisée en 1889 qui lui rend hommage et qui est située sur le Campo de Fiori à Rome.
    Au cours du livre nous assistons à la formation du jeune moine de l’Inquisition. Connaissant déjà les diverses méthodes de torture pratiquées en Castille mais trouvées un peu tièdes à Rome, il va progresser dans l’apprentissage de l’horreur sans jamais se rebeller ou se poser de questions devenant ainsi la métaphore de l’archétype de tous les bourreaux du monde engendrées par les dictatures religieuses ou politiques. Il vit dans un monde où tout être humain ne doit pas penser par lui-même (référence à l’invention de l’imprimerie permettant la diffusion d’idées subversives dans des livres qu’il faut absolument détruire). Mais le rouage si bien huilé va s’enrayer au cours de la dernière nuit du condamné…
    Ce livre m’a beaucoup marquée. Je l’ai trouvé fort, intense, grave, sérieux. C’est un long réquisitoire contre tous les totalitarismes et contre tous les obscurantismes. J’ai trouvé qu’il entrait en résonnance avec notre époque actuelle et les horreurs qui s’y commettent. J’ai profondément apprécié ce roman.
    PS : Le nom de Giordano Bruno est cité aux côtés de ceux d’Epicure, de Voltaire, de Spinoza entres autres dans le dernier livre de Joseph Macé-Scaron : « L’Horreur religieuse"
     

    « De chair et d’os » Dolores Redondo
    Avis de Martine :
    Françoise L. nous a déjà présenté ce livre. Pour rappel : dans une région de pays basque espagnol (vallée du Baztàn) au climat pluvieux (rebutant en ce qui me concerne) et aux lieux inquiétants, une jeune inspectrice, qui vient de donner naissance à son enfant, enquête sur la profanation d’églises ainsi que sur une série de crimes conjugaux s’accompagnant de mutilations horribles rappelant des pratiques anciennes de sorcellerie locale.
    Le + du roman : c’est un policier intéressant qu’on ne lâche pas jusqu’à la fin et qui nous fait connaître une vallée mystérieuse, sauvage au sein de laquelle des croyances ancestrales sont encore très prégnantes. Sont évoqués aussi brièvement les Cagots : groupe d’habitants des Pyrénées françaises et espagnoles fortement discriminés et qui exerçaient les métiers du bois et fer car ces deux matériaux étaient censés ne pas transmettre la lèpre. A noter aussi la présence maléfique de la mère de l’héroïne qui ajoute à la noirceur du roman.
    Le - du roman : j’ai trouvé que la jeune inspectrice, héroïne du roman, était très autocentrée, pleurnicharde, injuste avec un mari aux petits soins. En outre, j’ai trouvé plutôt invraisemblable le fait de pouvoir abandonner son enquête à n’importe quel moment pour aller donner la tétée à son bébé. En conclusion la description complaisante des états d’âme de l’inspectrice m’a agacée. Quant aux superstitions et autres croyances échappant à toute raison, cela n’est pas du tout ma tasse de thé.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :