• Atelier-lecture de décembre 2017

    Atelier de lecture du 14 décembre 2017

    « Deux hommes de bien » Arturo Perez- Reverte

    L’avis de Josette :

    C’est en faisant des recherches dans l’Académie Royale d’Espagne, que Perez-Reverte découvre par hasard les vingt-huit volumes de l’édition originale de « l’Encyclopédie » parue de 1751 à 1772. Interdite en Espagne, comment y est-elle parvenue ? Tout le monde l’ignore. Des archives retrouvées (dont le précieux journal de voyage laissé par l’un des deux académiciens) ainsi que des recherches personnelles de l’auteur (cartes, plans, récits de l’époque…) vont aboutir à « document-roman ».

    A la fin du XVIIIème siècle, les membres de l’Académie Royale d’Espagne décident d’acquérir, malgré l’opposition virulente de l’Eglise omnipuissante, cette « Encyclopédie » dont on parle tant. Ils sont soutenus dans ce projet par le roi Charles III lui-même. Deux Académiciens, le bibliothécaire, fervent catholique, et l’amiral Zarate, plutôt athée, sont chargé de cette mission. Après un très long voyage inconfortable et semé d’embûches, ils arrivent à Paris où l’abbé Bringas, un prêtre aux idées très radicales, va leur servir de guide. Nos deux Académiciens découvrent alors une ville brillante, à la pointe de la mode. Ils sont reçus dans les salons où ils rencontrent de grands esprits (Buffon, Laclos…), où l’on parle de littérature, découvertes scientifiques…Mais l’abbé Bringas n’oublie pas de les amener dans d’autres lieux moins accueillants : les rives de la Seine où vivent dans des conditions d’extrême pauvreté une grande partie des Parisiens et où se propagent des idées de mécontentement et de révolte. Ajoutons que nos Académiciens ignorent être suivis par un espion espagnol qui doit empêcher l’Encyclopédie, s’ils parviennent à la trouver, d’arriver jusqu’à Madrid.

    J’ai pris un très grand plaisir à lire ce livre. Je pourrais dire que je l’ai « dégusté » grâce au style de l’auteur qui reconstitue avec une précision minutieuse chaque instant de cette aventure courageuse et extraordinaire.

     

    « Tours et détours de la vilaine fille » Mario Vargas Llosa

    L’avis de Martine :

    « Tours et détours de la vilaine fille » c’est Ricardo et Lily emportés dans le tourbillon de la vie, comme dans la chanson : « Elle dansait avec une voix qui sitôt m’enjôla. Y avait l’ovale de son visage pâle de femme fatale qui m’fut fatale. » Et c’est sûr que Lily fut fatale à Ricardo ! Il la connut à quinze ans, en tomba raide amoureux, d’un amour fou qui va durer quarante ans. Elle avait une drôle de personnalité Lily : déjà, adolescente, elle mystifia la bande d’adolescents insouciants des beaux quartiers en se prétendant Chilienne. Mais, démasquée, elle disparut avec sa sœur. Ricardo, lui, a un rêve : vivre à Paris. Il y part étudier et sa vie d’étudiant pauvre évolue lorsqu’il obtient un poste de traducteur. Et c’est à Paris qu’il la retrouve en future guérillera cubaine et lui propose de l’épouser pour la première fois…Mais elle disparaît pour la seconde fois. Et toute la vie va se dérouler ainsi. Ricardo va retrouver Lily sous de multiples identités, dans de multiples lieux toujours à la recherche d’une vie brillante et argentée. Et, chaque fois, Ricardo poursuit l’objet de son amour, la retrouve et la perd.

    J’ai eu du mal à rentrer dans ce roman qui m’a paru superficiel d’autant plus que le personnage de Ricardo me paraissait être le benêt amoureux, sans consistance. Mais n’est-il pas aussi l’archétype du héros romantique pur et désintéressé ? « Désintéressé » est le qualificatif qui convient le moins à Lily. Aventurière, arriviste, sans scrupule, égoïste, avide de luxe et de vie facile, elle n’attire pas l’empathie. Mais, pourtant, tout n’est pas si simple et je me suis laissée entraîner jusqu’à une fin qui a justifié mon intérêt. Cette fin illumine tout le roman !

     

    « Le vieux qui lisait des romans d’amour » Luis Sepulveda

    L’avis de Jeanine :

    El Idilio est un petit village aux portes de la forêt amazonienne, un enfer vert peuplé de chercheurs d’or, d’aventuriers de tout poil, en quête d’un Eldorado imaginaire, d’indiens Jivaros rejetés par leur peuple. La découverte par les indiens shuars d’un cadavre d’hommes blond atrocement mutilé met le feu au village. Malgré les accusations hâtives du maire qui désigne les indiens, Antonio José Bolivar diagnostique dans cette mort non pas la main de l’homme mais la griffe d’un fauve… Le vieil homme aguerri et initié aux mystères de la forêt et grand lecteur de romans sentimentaux se voit bientôt contraint de se lancer dans une chasse de tous les dangers. Ce roman, loin de nous donner une définition du paradis, décrit l’Amazonie comme un lieu cruel et hostile. L’auteur y invite à une réflexion portant sur l’écologie et l’étude de l’âme humaine.

    L’initiation du vieil homme à la vie des shuars avec lesquels il vit un certain temps, leurs règles, leur approche de la forêt et des animaux, est particulièrement intéressant. Humour, poésie, découverte de la forêt amazonienne sont les atouts de ce court roman. Ce roman a été salué par une critique internationale et a obtenu plusieurs prix. L’auteur est né en 1949 dans le nord du Chili. Etudiant, il est emprisonné sous le régime de Pinochet pendant deux ans et demi. Libéré puis exilé, il voyage à travers l’Amérique latine et fonde des groupes de théâtre en Equateur, au Pérou et en Colombie. En 1978, il participa à une recherche de l’UNESCO et passe un an chez les indiens shuars. En 1982, il s’installe en Allemagne. Depuis 1996, il vit dans le nord de l’Espagne à Gijón. Ses œuvres ont été couronnées de nombreux prix.

     

    « Le bruit des choses qui tombent » Juan Gabriel Vasquez

    L’avis de Maria :

    L’auteur est né à Bogota en 1973. Après des études à la Sorbonne, il va vivre en Belgique avant de s’installer à Barcelone. Son premier roman «  Les Dénonciateurs », paru en 2008 et dont nous avons beaucoup parlé au sein de l’atelier, lui a valu une reconnaissance internationale. En 1991, il a obtenu le prix Roger-Caillois qui récompense un auteur latino-américain et un auteur francophone pour ce roman.

    A quarante ans, Antonio Yammara veut comprendre : blessé lors de l’assassinat de son ami Ricardo Laverde avec lequel il a entretenu une courte relation mais lourde de conséquences, il dresse le bilan de sa vie et, traumatisé, il voit son rapport au monde se détériorer malgré l’attachement qu’il a pour sa femme et sa fille. La prise de contact de Maya, fille de Ricardo Laverde, lui permet de remonter le temps. Tous deux se replongent dans les années 70, ces années sombres de la drogue et de la violence en Colombie et plus particulièrement à Bogota.

    A propos de la violence, l’auteur souligne dans un entretien en décembre 2012, que si elle s’est déplacée au Mexique, le trafic de drogue reste très actif en Colombie.

     

    « Sa seigneurie » Jaume Cabré

    L’avis de Maria :

    1799 : une cantatrice française est retrouvée morte et mutilée dans sa chambre d’hôtel à Barcelone. Un coupable est vite fabriqué pour masquer les faits du régent de la ville : Don Rafel Masso, autrement nommé Sa Seigneurie. Dans ce roman, Jaume Cabré, (auteur que nous connaissons bien), brosse le portrait d’une société corrompue dans les derniers jours du XVIIIème siècle.

     

    « La position du pion » Rafael Reig

    L’avis de Martine :

    Voici un roman qui m’a donné un peu de fil à retordre. J’ai trouvé son début un peu confus mais peu à peu, au fil de la lecture, je me suis sentie prise au sein d’un roman intelligent, fin et subtil. J’ai laissé de côté tout ce qui était vocabulaire technique dans cette partie d’échecs calamiteuse qui se déroule tout au long du livre, métaphore de la vie des protagonistes de l’histoire. Ces derniers n’ont été après tout que des révolutionnaires de pacotille et sont devenus les bourgeois qu’étaient leurs parents, bourgeois qui veulent être « là où ça se passe ». Johnny, le rejeton lucide de cette génération, cherche l’homme qui est son vrai père et enquête sur le meurtre jamais résolu d’un de ses amis d’enfance .Et, à travers cette enquête, il tire sur le fil de la pelote qui va dérouler et éclairer les étapes de la vie de ces couples d’amis qui ont «  réussi ». On passe ainsi de l’Espagne franquiste des années soixante à celle de la transition démocratique du début du règne de Juan Carlos, puis à l’Espagne de la Movida des années 80. Et donc, on assiste au changement de vie de ces ex-militants communistes.. L’auteur se montre impitoyable, ironique et cynique mais aussi pince sans rire. Il signe là un roman original où l’on trouve aussi de l’émotion et de la tendresse.


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