• Atelier-lecture de décembre 2015

    Atelier de lecture décembre 2015

    « Le peintre des batailles » Arturo Perez-Reverte
    Les avis divergents sur ce livre ont provoqué une discussion passionnée et enrichissante !
    Avis de Josette :
    1-Le thème : Un ancien reporter photographe de guerre qui a couvert une grande partie des conflits du monde entier s’est retiré dans une vieille tour au bord de la Mediterranée où il vit en ermite. Il a entrepris la peinture d’une grande fresque circulaire à l’intérieur d’une tour, fresque qui joue un rôle primordial dans le roman. Un jour, apparaît un inconnu : c’est un Croate dont la photo, prise par le reporter lors de la guerre de Bosnie, a fait le tour du monde et a eu, pour cet homme, des conséquences les plus dramatiques. Et cet homme annonce au reporter qu’il est venu pour le tuer …. mais pas tout de suite…. Alors, commencent entre les deux hommes plusieurs rencontres, en face de cette fresque où plane le souvenir d’une femme morte depuis plus de dix ans.


    2- L’avis : Nous voilà plongés dans les tréfonds de l’âme humaine avec ses parts les plus honorables mais aussi les plus viles selon les aléas de la vie. C’est un livre remarquable, émouvant, d’une intensité rare et d’une grande vérité où l’auteur a dû mettre beaucoup de lui-même. S’il vous plaît : lisez-le !!!!


    Avis de Pierrette :
    Pourquoi je n’ai pas aimé ce livre ? Je l’ai vécu comme un pensum, m’obligeant souvent à en continuer la lecture, me réfrénant chaque fois, sans pouvoir me décider à arrêter définitivement.

    Je n’ai pas aimé :
    - Les innombrables références très pointues à des tableaux de peintres anciens ou modernes, qui ont fini par me lasser.
    La description minutieuse des détails de l’œuvre picturale du personnage principal : le peintre des batailles. C’est en fait un photographe de guerre consiste à hanter les lieux sanglants à la recherche de « la photo », dont nous comprenons que bien réussie, bien vendue, elle va lui rapporter un prix, qui accentuera sa notoriété. Quid du personnage photographié, c’est un cliché volé à l’insu du malheureux fugitif, vaincu et fuyant sous les balles et les éclats d’obus ou parfois photo du supplicié qui va recevoir dans quelques minutes la balle qui mettra fin à sa vie. Cela fera la « une » et va lui rapporter gloire et argent.
    - Le voyeur méprisable qui ne remet jamais en question l’éthique et l’humanisme d’une profession qui n’en a d’ailleurs pas… Face à celui qui a survécu, qui a tout perdu (femme, enfants) parce qu’il a été reconnu par l’ennemi à la « une » d’un magazine et qui, pour cela a enduré des souffrances indicibles et vient lui demander des comptes, eh bien, face à cet homme, il se perd dans des justifications sur l’art et la nature de l’homme.
    - Le personnage méprisable que la fin du livre révèle encore plus méprisable. J’ai donc détesté le personnage et c’est pour cela que je n’ai pas aimé ce livre et que peut-être j’ai ressenti que l’auteur lui accordait une sorte d’absolution.


    Françoise H et Martine, qui ont lu ce roman, en ont beaucoup apprécié la profondeur et ont trouvé que c’était certainement l’œuvre la plus originale de l’auteur

     

    « Les jeunes mortes » Selva Almada
    Avis de Jeanine :
    Selva Almada est née en 1973 à Villa Elisa dans l’Entre Rios (Argentine). Elle a suivi des études de littérature à Parana avant de s’installer à Buenos Aires où elle anime des ateliers d’écriture. Son premier roman « Après l’orage » a reçu un excellent accueil critique.
    Années 80, dans la province argentine : trois crimes, trois affaires jamais élucidées. Les victimes sont des jeunes filles pauvres, encore à l’école : Andrea, 19 ans, retrouvée poignardée dans son lit, Maria Luisa, 15 ans, dont le corps est découvert dans un terrain vague, Sarita, 20 ans, disparue du jour au lendemain. Troublée par ces meurtres, Selva Almada se lance 30 ans plus tard dans une étrange enquête. Elle visite les petites villes de province plongées dans la torpeur de l’après-midi, rencontre les parents et amis, consulte une voyante… Loin de la chronique judiciaire, avec un talent littéraire évident, elle reconstitue les trois histoires, moins pour trouver les coupables, que pour dénoncer l’indifférence d’une société patriarcale où le corps des femmes est propriété publique dont on peut disposer comme on l’entend en toute impunité. A l’heure où les Argentins se mobilisent contre le féminicide, ce livre est un coup de poing, engagé, personnel, un récit intense servi par une prose limpide.

    « L’Imposteur » Javier Cercas
    Avis de Pierrette :
    C’est un roman passionnant, très dense. L’auteur recherche la vérité non pas pour juger l’imposteur, mais pour comprendre ce personnage, victime de sa « médiamanie », qui, la cinquantaine venue, veut troquer une vie terne et triste pour quelque chose de plus flamboyant qui va faire de lui l’icône des journaux puis de toute une région et au final de tout un pays. Javier Cercas va donc entrer en contact avec Eric Marco peu après l’éclatement du scandale qui révèle à l’Espagne entière que cet homme brillant, président de l’Amicale des déportés de Mathausen, ancien leader du plus grand syndicat de gauche espagnol n’est en fait qu’un menteur fini qui a tout inventé. Alors, l’auteur, sans prendre parti, nous entraîne au plus près du personnage, des réalités politiques et sociales, des bouleversements que l’arrivée du franquisme et son installation définitive apportent dans la vie de tout un peuple. Qu’est-ce qu’un mensonge ? Qu’est-ce qu’un menteur ? Bien sûr, le personnage ne sera pas jugé, jugé pourquoi ? Il a seulement menti. Un mensonge colossal, de plus de cinquante ans… Je ne sais pas ce que vous en penserez mais le personnage est unique en son genre ; c’est le moins que l’on puisse dire !
    Extrait de « Télérama » à propos de ce livre : « Au-delà de l’enquête, Javier Cercas conduit une réflexion sur la littérature. Qu’est-ce qu’un romancier, quelle limite dresse-t-il entre la réalité et la fiction ? A Flossenburg, Cercas découvrira la preuve ultime. Et l’épilogue de ce livre formidable tonne comme une sanction définitive. (Gilles Heuré) »

    « La dernière danse » Victotia Hislop
    Avis de Martine :
    L’auteur est une femme de lettres anglaise née en 1959. Son premier roman « L’île des oubliés », paru en 2005 a reçu le prix de la révélation littéraire en Grande-Bretagne. Traduit dans vingt-six, il s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires à travers le monde et a été adapté en série par la télévision grecque. « Une dernière danse » est son troisième roman.
    Disons-le tout de suite, ce n’est pas le roman de l’année. La structure du roman dans le roman est tout de même facile et semble-t-il légèrement éculée. Le roman nous conte l’histoire de deux anglaises, aux personnalités différentes, l’une Sonia, mariée à un homme rigide et l’autre célibataire, aux aventures multiples. Elles aiment toutes les deux la danse et partent une semaine à Grenade s’initier au flamenco. Et, là, dans un café de cette ville, l’héroïne fait la connaissance du vieux serveur, noue des liens d’amitié avec lui et ce dernier lui raconte, alors, l’histoire de ce vieux café, de ses propriétaires et de lui-même. Et nous voilà plongés dans l’histoire de la ville et de celle d’une famille de quatre enfants, dont trois fils et une fille passionnée de danse, que la guerre d’Espagne et la prise de la ville par l’armée franquiste va venir bouleverser. Et si l’historiette que narre le roman est légère et convenue, le roman dans le roman est lui beaucoup plus profond et sait dépeindre le déchirement, la souffrance, les épreuves que cette famille traverse. Chacun va choisir son camp entre résistance, soumission ou fuite. En conclusion, c’est un roman inégal avec des aspects attachants par leurs côtés profondément humains.

    « La nuit du bûcher » Sandor Marai
    Avis de Jeanine :
    Né en 1900, Sandor Marai connaît dès ses premiers romans un succès immense. Ecrivain hongrois, honoré puis décrié par le régime communiste car taxé « d’écrivain bourgeois », il s’exile en Europe puis aux Etats-Unis, revient en Europe (Italie), retourne aux Etats-Unis où il met fin à ses jours en 1989. Il jouit dans le monde entier d’une réputation égale à celle de Stefan Zweig, Schnitzler….Parmi ses livres : « Les braises », « Le premier amour », « La confession d’un bourgeois », « La sœur »…Parmi les longues années qu’il a passées en exil, c’est à Salerno, près de Naples dans les années 1968 à 1980 qu’il rédige « La nuit du bûcher », un roman historique dont l’action se situe à Rome en 1598 au temps de l’Inquisition. L’auteur nous fait vivre les enjeux de ce dispositif totalitaire de l’intérieur, en choisissant pour narrateur un carme venu d’Espagne en vue de mieux connaître les techniques et les ressorts permettant d’amener les condamnés au repentir ou à la conversion pour atteindre la « vérité suprême que Rome est la seule à connaître ». Dans un récit au rythme maîtrisé, l’auteur nous donne la position d’infiltrés dans un système régi par sa propre logique, inhumaine. Nourri de l’expérimentation de la guerre, du fascisme, du stalinisme qui le poussera à l’exil, il expose le regard lucide d’un homme sur l’idéologie totalitaire conçue pour broyer la volonté et la dignité humaines. De plus, les fondements religieux présentent des échos saisissants avec une certaine actualité contemporaine.

    Pour finir je souhaite à tous les membres de cet atelier,
    Une année heureuse, une année bouquineuse, une année joyeuse, une année radieuse, une année curieuse, une année rieuse, une année voyageuse, une année merveilleuse !!!
    Martine
    Prochaine rencontre : le jeudi 14 janvier 2016


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