• Le Père Noël et l’Espagne par Daniel D.

    Le Père Noël et l’Espagne


    Même si de nos jours le temps est conçu comme linéaire, sur la flèche qui va du passé vers le futur, en passant par l’insaisissable présent, nous n’en restons pas moins tributaires, et peut-être pour l’essentiel, de la conception cyclique des anciens, avec les fêtes, les saisons, le mythe de l’éternel retour, etc. C’est pourquoi les « fêtes de fin d’année » nous ramènent toujours les mêmes personnages. Chronologiquement, le Père Noël, l’Enfant Jésus, et les Rois Mages.
    Amusons-nous un peu: parmi ces derniers, lequel est le plus historiquement attesté?

    Jésus ?

    Les historiens rigoureux, ceux qui ne jurent que par les preuves tangibles, vous diront que l’existence de Jésus n’est attestée que par quelques courtes lignes de son presque contemporain, l’historien juif Flavius Josèphe (Jérusalem, 37 / Rome, 100), et encore certains se demandent-ils si ces phrases n’ont pas été interpolées dans ses écrits, par une main de scribe prosélyte...

    Ce texte dit à peu près ceci : à l’époque, est apparu un homme que l'on appelait Jésus. Il avait la réputation d'être sage et il a montré cette sagesse par ses miracles et ses enseignements. Il a converti beaucoup de personnes, mais les leaders Juifs l'ont accusé devant Pilate qui l'a fait crucifier. Ses disciples ont refusé d'abandonner la dévotion qu’ils lui témoignaient, malgré sa mort infamante.

    Si l’on s’interroge sur la date de naissance de l’Enfant Jésus, on a quelques surprises : en gros, il serait né en 2, 4, 5 ou même 7 avant J.C et, en tous cas, pas un 25 décembre, date mentionnée pour la première fois comme telle par Hippolyte de Rome, en 204 seulement.

    Le 25, c’est le solstice d'hiver, la renaissance du “Soleil Invaincu", divinité adorée par les Empereurs Romains, qui a été ainsi “recouverte” par l’Eglise Catholique .

    En réalité, Jésus n’a pas pu naître en hiver, car on observe qu’à cette époque-là, les bergers étaient dans la montagne.

    Peu de choses, en somme...


    Les Rois Mages ?

    Les personnages hauts en couleurs que l’on voit défiler dans les rues en Espagne, début janvier, sont bien évidemment de pures inventions du folklore religieux!

    Par contre, ce folklore semble avoir des bases astronomiques et ésotériques sérieuses, que seuls des initiés, peut-être, sont capables de décoder... Il s’agirait des trois étoiles du baudrier d’Orion, Alnitak, Alnitam et Mintakah, celles dont l’alignement correspond exactement à celui des trois Grandes Pyramides !

    Orion, qui intéressait tellement les Pharaons, et passionne encore les astrologues et autres ésotéristes d’aujourd’hui.

       

     

    Les « Mages » sont mentionnés seulement dans l'évangile de Matthieu. C’étaient des visiteurs qui venaient rendre hommage à Jésus, le jour de sa naissance, et l’Evangéliste ne précise ni leur nom ni leur nombre. Ils offrirent de l'or, de la myrrhe et de l'encens qui symbolisent les fonctions de roi, de prêtre et de prophète.

    Avertis de la naissance imminente de Jésus, ils avaient suivi une étoile qui les avait menés jusqu'à lui, et cette « étoile » pourrait bien avoir été la conjonction exceptionnelle Jupiter-Saturne de l'an 7 Av. JC.

    Ce n’est qu’au Moyen Age, qu’ils furent affublés du titre de Rois, et qu’on leur donna des noms.

    C’est bien vague, tout ça...

     Alors, le Père Noël ?

    L’ancêtre le plus clairement identifié du Père Noël est St Nicolas.

    Qui était ce personnage ?

    Il était né dans une famille de commerçants chrétiens aisés, en 280, à Patara, en Turquie. Ses parents moururent très tôt de la peste, et il décida de se consacrer à Dieu, dans la religion catholique. Pour cela, il distribua tous ses biens aux pauvres, comme le recommandent les Evangiles, et il fut ordonné prêtre à 19 ans. Puis, rapidement, par un curieux concours de circonstances, il fut nommé évêque de Myra, en Anatolie, aujourd’hui Demre en Turquie.

    On lui attribue de nombreux miracles, pas vraiment reconnus par l’Eglise car, en 1969, le pape Paul VI le fit rayer de la liste des Saints du calendrier.

    Il reste cependant le saint Patron des enfants, comme en témoigne la chanson :

    “Ils étaient trois petits enfants

    Qui s'en allaient glaner aux champs... »,

    où il est conté qu’il ressuscita ces trois petits enfants qui avaient été tués, découpés en morceaux et salés par un vilain boucher.

     Il mourut le 6 décembre 342 à Myra et, lorsque cette ville fut envahie par les musulmans, des chrétiens emportèrent secrètement ses restes à Bari, vers 1087.

    En tant que distributeur de cadeaux, il doit aux Protestants, peu amis des saints catholiques, le fait d’avoir été déplacé du 6 au 25, date inventée de la naissance de Jésus, et sous les aspects du Père Noël.

    Voilà brièvement résumée, l’histoire de St Nicolas.

     
    Faisons maintenant un grand saut dans le temps et dans l’espace : nous sommes aux Etats Unis, au XVIIe Siècle.

    Les Hollandais émigrés viennent de fonder un ville la « Nouvelle Amsterdam », qui deviendra plus tard New York. Ils ont apporté avec eux leurs traditions, et, en particulier, celle de St Nicolas (Sinterklaas).

    Jusque là, rien d’extraordinaire, sauf que parmi les histoires qui tournaient autour de ce saint généreux en cadeaux, celle-ci courait dans la ville:, Saint Nicolas venait directement d’Espagne, et même parfois directement de Madrid, où il s’approvisionnait en cadeaux à distribuer, et il en venait... en bateau ! Mieux, à son retour, il emmenait en Espagne les enfants qui s’étaient mal comportés durant l’année écoulée !

    Alors, qu’est-ce que cela signifie ?

       

                                                                  Dessins actuels provenant des Pays Bas. « Spanje » = Espagne.

     Rappelons que les restes de St Nicolas sont à Bari, et que Bari est en Sicile. Or, depuis 1409 la Sicile appartenait à la Couronne d’Aragon, puis de l’Espagne unifiée par les Rois Catholique : St Nicolas était donc bel et bien enterré « en Espagne ». Cela, pour expliquer son arrivée d’Espagne, à la Nouvelle Amsterdam. Pour ce qui est de sa venue de Madrid en bateau, cela paraît un vrai défi pour qui connaît la largeur et la profondeur du Manzanares, le ruisseau qui traverse la ville...

    Pour la seconde partie de l’histoire, il faut se souvenir que les « Pays Bas » étaient espagnols à ce moment-là, avec Charles Quint et son fils Philippe II. Et que les habitants de ces régions se sentaient plutôt « envahis », d’où une inimitié certaine, et l’assimilation de l’Espagne à un méchant pays ! C’est toute l’ambivalence Père Noël / Père Fouettard...

     
    Alors ? Si le Père Noël était le plus historique de tous, et de plus espagnol, malgré Coca Cola ?

     
    Le Père Noël est un personnage forcément venu de l’Hémisphère Nord, puisqu’il est l’un des avatars du Solstice d’hiver, c’est à dire de la renaissance du Soleil et de la Lumière.

    On mesure donc l’incongruité de le fêter à la même date dans l’Hémisphère Sud, à un moment où, précisément, y meurent le Soleil et la Lumière ...

     

       

     


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