• La langue des papillons

    La langue de papillons

     La langue des papillons

    La lengua de las mariposas

    réalisateur : José Luis Cuerda

    film espagnol

    1999 

    DVD

     Ce film a été présenté lors de la deuxième soirée "Littérature et jumelage" organisée par la Tertulia le 19 avril 2012, intitulée "Littérature et cinéma". En effet, la nouvelle de l'auteur galicien Manuel Rivas "La lengua de las mariposas" a été portée à l'écran en 1999 par le cinéaste José Luis Cuerda et Rafael Azcona le grand scénariste espagnol qui a remanié l'histoire de cette nouvelle en l'étoffant de deux autres du recueil : « Un saxo en la niebla» et « Carmiña ». (voir l'article sur le livre en cliquant ici) Les deux cinéastes racontent qu'ils ont été conquis par le talent de Manuel Rivas  dès la première lecture de la nouvelle.

    Le cinéma exerce un attrait sur Rafael Rivas. Il est admiratif du travail de cinéaste. Il le trouve difficile. Petit, il rêvait de devenir metteur en scène mais il plaisante en disant qu'il s'est rendu compte qu'il était beaucoup plus facile d'être écrivain : "cela coûte beaucoup moins cher de faire apparaître dix chevaux sur le papier que dans une scène de film."

    Contre les détracteurs des adaptations de romans, il dit que cinéastes et romanciers partagent le même terreau, que le cinéma peut aider la littérature à sortir du provincialisme et qu'il est normal que les deux mondes soient imbriqués car dans les deux cas, on parle du rêve.  La littérature, le cinéma, la tradition orale, la musique... ce sont les fils d'une même trame. 

     Ce film doit sa réussite aux plus grands talents du cinéma espagnol :

    •  Jose luis cuerda (le réalisateur) totalise 17 films comme réalisateur, 9 films en tant que scénariste, 7 comme acteur, 4 comme producteur.
    •  Rafael Azcona (le scénariste) décédé en 2008 a été romancier (3 romans), acteur (2 films), réalisateur (2 films) mais surtout un grand scénariste, l'un des plus grands du cinéma espagnol, il a signé 87 scenari, et il a reçu de nombreux prix dont 9 Goyas, Il a colaboré à plusieurs reprises avec Marco Ferreri (la grande bouffe, la dernière femme avec Depardieu...)
    • Alejandro Amenábar  a écrit la musique, mais c'est aussi un cinéaste complet et brillant comme réalisateur, scénariste, compositeur, acteur . Il a commencé sa carrière à 24 ans et a tout de suite remporté des succès avec ses films comme Tesis en 1996, prix du film fantastique de Bruxelles, « les autres » avec Nicole Kidman en 2001 (Sept Goyas dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, de la meilleure photographie, des meilleurs décors et du meilleur son) et Mar adentro.
    • L'acteur principal : Fernando Fernández Gómez, connu artistiquement comme Fernando Fernán Gómez (1921 – 2007), fut un écrivain, acteur, scénariste, metteur en scène de cinéma et de théâtre espagnol. Il fut membre de la Real Academia Española durant sept ans, de 2000 jusqu'à son décès. (11 romans, 11 pièces de théâtre, 27 films comme réalisateur, acteur dans 195 films). Rafael Azcona a écrit le scénario spécialement pour lui avec la volonté de montrer un homme âgé, emblématique qui donne au     personnage toute son humanité et qui incarne vraiment les valeurs de la république.
    • Manuel Lozano jeune acteur né en 1990, l'enfant héros de l'histoire, révélé par ce film, choisi à l'époque parmi des milliers dans les collèges de Galice, a continuer à jouer jusqu'en 2006 mais depuis, il se consacre à des études d'architecture à l'université.
    • Une histoire magnifique : elle se situe en 1936 dans un village de Galice, dans les mois qui précèdent la Guerre civile espagnole et se centre sur la relation entre un écolier et son professeur : Moncho, un petit garçon de huit ans va à l'école pour la première fois et il a peur, car il a entendu dire que les maîtres battent les enfants...

    La République (instaurée en 1931), avait réformé l'école avec un enseignement laïque, gratuit, à caractère actif et créatif, mixte à tous les niveaux, à caractère social, une formation des maîtres et le projet de construction de 27000 écoles. La victoire de la droite  aux élections de 1933 fit un peu reculer les avancées en matière d'éducation comme l'abandon des inspecteurs qui devaient s'installer à travers le pays et des lois furent promulguées en faveur de l'enseignement de la religion.

    Ce film est un véritable hommage aux maîtres de la République à travers l'humanisme de don Gregorio et  au poète  Antonio Machado  (1875-1939) contemporain de l'époque où se passe l'histoire, la poétesse galicienne Rosalía de Castro y est également honnorée avec son nom au fronton de l'école.

    Pendant la classe, un élève ânonne ce poème, extrait de Soledades (1899-1907)  d'apparence très naïve, sur un après-midi d'école, où les collégiens récitent la leçon ; avec pourtant clouée au mur de la classe , une image de « Caïn fugitif, et Abel mort, près d'une tache carmin ». On y voit le symbole de la guerre qui s'annonce (jalousie fratricide de Cain qui assassine Abel) et cette récitation apporte de la tension au film.

    "Una tarde parda y fría de invierno. Los colegiales estudian. Monotonía de lluvia tras los cristales. Es la clase. En un cartel se representa a Caín fugitivo, y muerto Abel, junto a una mancha carmín..."

     Le film se termine avec l'entrée des troupes franquistes dans le village...

    A propos de l'époque, Manuel Rivas prévient: « quand j'écris sur le franquisme, cette période fonctionne comme une métaphore des guerres du passé et de celles du futur, »

    Françoise H.


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