• Atelier-lecture du 1er mars 2018

    Atelier lecture du jeudi 1er mars

    « Lettres de mon enfance » Emma Reyes

    L’avis de Françoise H.  :

    Emma Reyes décrit son enfance à travers des lettres qu’elle envoie à un ami écrivain et diplomate colombien. Les premières années, elle les passe en compagnie de sa sœur légèrement plus âgée et d’un garçonnet surnommé le « pou »  dans un endroit sordide : une pièce aveugle fermée à clé pendant les longues absences de Mademoiselle Maria, l’adulte responsable des enfants, probablement leur mère. Dans les années 20 en Colombie, cette jeune femme, jolie et sans ressources, dépend de protecteurs qui lui procurent du travail comme gérante de chocolateries dans la région de Boyacá,  dans les environs de Bogota. Ces emplois sont pour les petites filles une opportunité d’être  mieux logées. Le garçon, lui, a été abandonné à Bogota.

    Au cours d’un de ces séjours,  Mlle Maria donne naissance à un autre petit garçon laissé aux soins de Emma, pas plus désiré, le contrôle des naissances n’existant pas encore, il ne recevra pas davantage d’affection ni de soins que les fillettes. D’ailleurs ces dernières s’entendent dire que la vie aurait été bien différente sans elles…

    Emma raconte cette existence difficile avec un certain détachement, elle s’y est adaptée par instinct de survie.

    Après le traumatisme de l’abandon, d’abord celui du pou puis celui du bébé et enfin le leur, elles se plient à la vie dure du couvent où elles sont recueillies. A l’âge de 19 ans, sa force de caractère permet à Emma de s’enfuir, de découvrir le monde et de connaître une vie hors du commun. Analphabète, mais habile brodeuse elle tirera profit de ce talent pour investir sa connaissance des couleurs, du graphisme et de l’organisation de l’espace dans la peinture. Elle devient une artiste mondialement reconnue se formant auprès de maîtres renommés successifs et en évoluant dans ses styles au gré de ses expériences et de son parcours de vie.

    Ces lettres écrites trente ans après l'évasion du couvent d'Emma Reyes et de son entrée dans la vraie vie, représentent sans doute le récit des événements les plus marquants, ceux qui se sont gravés dans sa mémoire, peut-être modifiés ou interprétés à travers le prisme du temps et ont contribué à la construction de sa personnalité.

    C'est non seulement un témoignage sur la vie difficile des enfants pauvres du début du XXème siècle en Colombie mais également un tableau de la société colombienne de cette époque, un véritable document historique.

     

    L’avis de Marie-Lou :

    En 1969, Emma Reyes vit à Paris, elle a 50 ans et entame une correspondance avec son ami German Arciniegas. Vingt-trois de ces lettres composent ce livre. Elle y raconte sa vie d’enfant en Colombie, avec sa sœur Héléna qui a deux ans de plus qu’elle. Elles n’ont pas de famille et sont « trimballées » au gré des événements de villes en villages, de maisons en couvents. Elles finissent par rester dans une communauté religieuse où, avec d’autres orphelines et en échanges de travaux forcés, elles survivent bien qu’affamées et maltraitées. Quand elle arrive là, Emma a cinq ans. Son existence est rythmée par les incessantes prières, les travaux domestiques, les punitions. On ne lui parle que du diable et de l’enfer qui la guette si elle n’accepte pas son triste sort. L’ignorance et la crainte des représentants de Dieu sur Terre, que l’on veut à tout prix lui inculquer, ne la briseront pas puisqu’elle décide de voler les clés du portail et s’évade. (Elle est à peine adolescente.) Elle veut «  mettre en marche vers le monde », « sans autre bagage que celui d’une pensionnaire d’orphelinat experte en broderie ». Et, elle va bien la réussir cette nouvelle vie puisqu’elle va voyager à travers le monde (Buenos-Aires, Paris, Washington, Mexico, Périgueux !.. où elle finira sa vie) et deviendra une peintre célèbre. Pour écrire ses souffrances, Emma se remet dans la peau de la petite fille qu’elle était en utilisant un vocabulaire et un langage simple, limite naïf, mais réaliste et émouvant.

    Merci à tout l’atelier lecture

    pour sa disponibilité, sa participation, son enthousiasme

    et bien sûr son talent sans lequel

    la soirée du 29 mars n’aurait pas été celle qu’elle a été !

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :