• Atelier de lecture du jeudi 10 mars 2016

    « Plus jamais ça » Andres Trapiello (le livre poursuit sa circulation au sein de notre groupe)
    Avis de Josette :
    Ce roman poignant a pour personnage principal un professeur d’université qui a travaillé, pendant quarante ans, sur la guerre civile dans la région de León. Bien qu’en froid avec son père, ancien phalangiste, il revient vivre à Leon. Un jour de pluie, alors qu’il était sous un porche en compagnie de son père, arrive un vieux paysan qui s’adressant à son père lui dit : «  Mais, toi, je te connais, tu étais avec ceux qui ont fusillé mon père… ». Et l’histoire commence : le fils se met à la recherche de tous les témoins de cet acte. Il veut en savoir plus. Chez lui, on ne parlait jamais de la guerre civile. Et pourtant, quarante après, on observe les conséquences de cette guerre et les traces indélébiles qu’elle a laissées. L’intérêt de ce livre réside aussi dans la façon dont il est écrit : ce n’est pas un récit linéaire, chaque personnage prend la parole ce qui permet de pointer, en alternance, les points de vue des différents protagonistes. Il parvient à restituer toute la complexité de la situation et à en faire ressortir les zones d’ombre et les non-dits. Alors est-il intéressant de raviver le passé ? Est-ce écrit dans ce but ? Et comment évaluer après tant d’années les souffrances des victimes des deux camps ? En conclusion : livre très profond, très intelligent et très bien écrit.

    « De chair et d’os » Dolores Redondo
    Avis de Françoise L. :
    L’auteur : Dolores Redondo est née en 1969 à Saint Sébastien. A la suite d’études de droit, elle a travaillé dans le commerce pendant quelques années. Après « Le gardien invisible », elle signe avec ce roman le deuxième volet de la «  trilogie de Baztan », commune où se déroule l’intrigue.
    Le thème : A travers le pays basque, dans la vallée de Baztan, des églises sont profanées. Alors qu’elle vient de donner naissance à son enfant, l’inspectrice Amaia Salazar est chargée d’enquêter discrètement sur cette affaire. Avec son équipe, elle doit aussi s’occuper d’une série de crimes conjugaux qui ont tous en commun d’horribles mutilations. A chaque fois, le meurtrier s’est suicidé, laissant derrière lui une étrange inscription : «  tartallo ». Pourquoi tous ces hommes écrivent-ils ce même mot ? Que signifie-t-il ? Et pourquoi semble-t-il destiné à une jeune inspectrice ? La vallée du Baztan recèle encore de bien terribles secrets qu’Amaia devra approfondir enfin d’y vivre en paix. En conclusion, l’auteur excelle à entremêler une enquête contemporaine très prenante avec un cours magistral sur des pratiques séculaires ainsi que des apartés sur le quotidien de son héroïne.

    L’atelier de lecture s’est réservé ce jour-là une large plage de discussion autour de deux sujets touchant à Villeneuve sur-Lot :
    « Les journées des femmes de lettres » qui se sont déroulées dans la ville pendant les 4, 5 et 6 mars 2016 et dont les auteures ont captivé un large public. Leurs ouvrages circuleront au sein de l’atelier.
    Le livre autobiographique d’Etienne Huc, enfant du pays, « Lettres à Bendjebel ». Les membres de l’atelier en ont aimé la sincérité, la pudeur, la grande humanité ainsi que l’alternance d’anecdotes parfois « pagnolesques » sur l’enfance de l’auteur avec les passages très émouvants évoquant la souffrance d’un homme confronté à des événements tragiques qu’il ne maîtrise pas.


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  • Atelier de lecture février 2016

    « Les fantômes de Goya » Jean –Claude Carrière
    Avis de Danièle :
    Goya qui peint le peuple, la cour est le fil conducteur du livre. A travers son regard, nous voyons la cour espagnole, les affres de l’Inquisition du Saint Office, les idées françaises révolutionnaires, la conquête napoléonienne et sa répression sur le peuple espagnol. Presque 50 ans d’histoire espagnole défilent dans ce roman dont le personnage clef, Lorenzo, personnage trouble, revient sans cesse sur le devant de la scène politique et se pose des tas de questions. Empêtré dans une histoire très fâcheuse, Lorenzo est obligé de s'enfuir en France. Quand il revient dans son pays, il a changé de foi, ses idées sont nouvelles, mais il est toujours le même homme : un extrémiste. L’intrigue est haletante et le roman se lit comme un roman policier.


    « La nuit du bûcher » Sandor Marai
    Avis de Maurice :
    « J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cet ouvrage que j’ai trouvé très bien écrit. L’Inquisition est abordée par une confrontation d’idées : l’intelligence face au dogme. Ce sujet est très bien traité. J’y ai vu le même prolongement que dans le film « L’aveu ».
    Le thème :
    Rome, 1598. L'Inquisition sévit contre les hérétiques. Enfermés dans des cellules, affamés, torturés, ces derniers reçoivent à la veille de leur exécution sur le Campo dei Fiori la visite d'un inquisiteur pour les inciter à se repentir et à reconnaître publiquement leurs fautes. Venu prendre des « leçons d'Inquisition », un carme d'Avila demande à suivre la dernière nuit d'un condamné. Malgré sept ans de prison et de tortures, celui-ci ne s'est jamais repenti. Son nom : Giordano Bruno. L'Espagnol assiste aux dernières exhortations, vaines, des inquisiteurs, et accompagne au petit matin le prisonnier au bûcher. Saisi par la violence de cette expérience, il voit toutes ses certitudes vaciller et arrive même à ébranler, par ses doutes, les inquisiteurs au plus haut niveau

    « Le peintre des batailles » Arturo Perez Reverte
    Le livre, qui a fait polémique, continue à tourner au sein de l’atelier.
    Rappel du thème : Ancien photographe de guerre, Faulques vit retiré du monde. Hanté par les horreurs des champs de bataille, la peinture est son exutoire. Sa vie bascule quand surgit Markovic, combattant croate décidé à lui demander des comptes. Photographié par Faulques pendant la guerre en Bosnie, devenu malgré lui le symbole du combattant croate, Markovic a assisté aux massacres de sa famille et de ses compagnons…
    Avis de Marie-Lou :
    « Je l’ai beaucoup aimé. J’ai trouvé l’histoire originale et très intéressante. Le fil conducteur du tableau m’a beaucoup plu. Cette idée de fresque qui remplace des mémoires écrites est excellente. C’est un roman nous fait vivre des événements durs avec, malgré tout, des instants romantiques vécus par Faulques et sa compagne au sein de leur vie au jour le jour. »

    « Adios Hemingway » Leonardo Padura
    “La lecture de Hemingway a fait de moi un écrivain. Je l'ai admiré, infiniment. Mais j'ai découvert sa part d'ombre. Et j'ai écrit Adios Hemingway pour régler mes comptes avec lui”. Leonardo Padura
    Avis de Marie-Lou :
    Ce livre commence par la découverte d’un cadavre effectuée par Condé (héros récurrent chez Padura), un ancien flic, qui voudrait pouvoir vivre de son écriture. Hors ce cadavre est dans l’ancienne propriété d’Hemingway. Condé est contacté pour mener une enquête parallèle à celle de la police. Ce cadavre, après pas mal d’investigations, remonte aux années 1958, derniers mois pendant lesquels Hemingway se trouve à Cuba. On découvre donc cet écrivain pendant ses années cubaines. Si Padura démythifie la légende Hemingway, il se réconcilie avec l’homme apprécié des humbles pêcheurs. La découverte de la ville de La Havane pendant ces années-là ainsi que dans les années 2000 est très intéressante.

    « Cadix ou la diagonale du fou » Arturo Perez Reverte
    Avis de Maria :
    Roman très intéressant sur le plan historique à travers une histoire romancée et une enquête policière.

    Prochaine rencontre le jeudi 10 mars


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  • Atelier de lecture janvier 2016

    « La diagonale du fou » Arturo Perez Reverte
    Avis  de Marie-Lou :
    J’ai aimé l’ambiance du livre :
    Son époque : le début du XIXe siècle pendant la guerre d’Indépendance Espagnole qui voit s’affronter les Espagnols et les Anglais contre les Français. Canonnades d’une rive à l’autre et guérilla dans l’ombre des salines. Arraisonnage et pillage des bateaux ennemis, partage du butin avec parfois la mort au rendez-vous.
    Son décor : la ville de Cadiz avec son port et ses activités marchandes. On découvre les différents types de bateaux, le langage maritime, les monuments et places de la ville, les quartiers mal famés, les ruelles animées, les fêtes traditionnelles, tous les us et coutumes de l’époque dans les différents milieux.
    Ses personnages : corsaires, espions, soldats des deux camps, négociants maritimes, pêcheurs…et surtout un policier et son partenaire de jeu.
    J’ai moins aimé :
    L’enquête policière qui pourtant constitue toute la trame du livre. Toutes ces probabilités et théories dont il est question me paraissent invraisemblables pour ne pas dire complètement loufoques.
    Et pour finir, un coupable que l’on n’attend pas et dont les motivations ne me paraissent pas du tout évidentes.

    « Le secret de Christophe Colomb » J. R. Dos Santos
    Avis de Martine :
    L’auteur :
    José António Afonso Rodrigues dos Santos est né le 1er avril 1964 à Beira au Mozambique lorsque ce pays fait partie de l’empire portugais. Puis il déménage au Portugal et ensuite à Macao, alors colonie portugaise en Chine. C'est là qu'il entame sa carrière de journaliste avant de retourner au Portugal puis en Grande-Bretagne, en 1986, recruté par la BBC à Londres. Il est actuellement le présentateur phare du journal télévisé de 20h pour plusieurs chaînes de TV portugaises et l’auteur à succès de thrillers qui mêlent religion et physique.
    A partir de 1990, de retour au Portugal, il travaille alors pour la télévision publique portugaise et enseigne le journalisme à l'université de Lisbonne. En tant que reporter de guerre il a couvert les évènements dans plusieurs pays incluant l'Angola, le Timor oriental, l'Afrique du sud, le conflit israélo-palestinien, l'Irak, la Bosnie... Il est récompensé à maintes reprises pour ses reportages par CNN et le Press Club portugais.
    A partir de 2002, il commence à écrire des nouvelles pour un magazine littéraire. Son deuxième livre La fille du capitaine devient un des best-sellers de l'année 2004. Le succès depuis ne s'est pas démenti. Régulièrement depuis 2012, plébiscité par les lecteurs portugais, il est lauréat du prix du Reader's Digest. Après le succès de son opus La Formule de Dieu sorti en 2012, il publie L'ultime secret du Christ en 2013, La clé de Salomon en 2014 et Codex 632, le secret de Christophe Colomb en 2015, premier roman de la saga Tomás Noronha.
    L’avis :
    Quoi de plus alléchant juste avant la période des fêtes, où on lit peu, de trouver un livre au titre attirant et mystérieux, qui semble induire une lecture facile. Enfin le genre de livre que l’on prend, que l’on pose, que l’on reprend etc… Alors ce secret ? Eh bien, il n’a jamais été élucidé. Alors ce livre n’a aucun intérêt ? Justement si car il examine sous tous ses aspects le mystère de la réelle identité de Christophe Colomb et par-delà cette identité la « véritable » histoire de la découverte des Amériques. Et si l’histoire personnelle que vit le héros du roman est moyennement intéressante (elle n’est là que pour amener de la fiction, un fil conducteur), l’on suit avec un très grand intérêt ses investigations qui vont le mener de Lisbonne à Rio et de New-York à Jérusalem. Ce personnage, c’est Tomas Noronha, un jeune cryptologue, professeur à l’université de Lisbonne et qui dans sa quête va se heurter aux interrogations suivantes : pourquoi le nom de « Colomb » n’a -t-il jamais été trouvé dans les témoignages de l’époque, pourquoi un jeune génois d'origine modeste ne parlait-il ni italien, ni génois, mais un espagnol approximatif truffé de mots portugais, pourquoi cet homme a-t-il embarqué sur la Santa- Maria quelques heures avant l'avis d'expulsion des Juifs du Portugal ? Tomás se rend vite compte qu'un mystère en appelle un autre. Comment un jeune tisserand génois a -t-il pu épouser une femme de la noblesse portugaise ? Que dire de la signature cabalistique de Christophe Colomb ? Et l'Amérique n'était-elle pas déjà bien connue avant 1492 ? Comme un leurre utilisé par les Portugais pour éconduire les Espagnols... Christophe Colomb n'était-il pas un agent double œuvrant entre les deux plus grandes puissances de l'époque qui voulaient se partager le monde et enfouir la vérité ? Autant de questions posées par l'Histoire auxquelles les spécialistes n'ont jamais pu répondre... Alors au fil du roman on croise les Templiers, Michel Foucauld, Simon Wiesenthal, la Senhora héroïne du livre de Catherine Clément mais surtout on retrouve les personnages historiques portugais et espagnols de cette époque des découvertes qui n’a pas livré tous ses secrets : l'explorateur portugais Pedro Alvares Cabral qui a découvert le Brésil en 1500, l'a-t-il découvert par accident ou savait-il déjà qu'un pays devait se trouver là? L’auteur s’appuie sur des documents d’archives mais ne sont-ils que des copies ou des faux ? Finalement, ce livre, inégal, m’a apporté beaucoup plus d’intérêt que je ne l’avais imaginé et m’a amenée à me replonger dans les grandes voies de navigation de cette époque. Il m’a laissée aussi sur ma faim car j’aimerais avoir le point de vue d’un véritable historien sur la question. Donc à suivre…

    « Le palmier et l’étoile » Leonardo Padura (écrit en 2003)
    Avis de  Maria :
    Ce livre décrit deux histoires d’exil :
    La première au début du XIXe siècle. C’est celle de l’écrivain cubain Jose Maria Heredia (cousin du poète français De Heredia) qui avait comploté pour l’indépendance de Cuba au sein d’une loge maçonnique, sous le régime espagnol.
    La seconde au XXe siècle. Un homme revient à Cuba en 1992 pour tenter de finir sa thèse sur J.M. Heredia. Il est en quête d’un manuscrit détenu par les francs-maçons et il est aussi à la recherche du « traître » qui l’a dénoncé 18 ans auparavant et qui l’a donc contraint à l’exil… La fin réserve des surprises !
    L’avis : Toujours autant de plaisir à lire Leonardo Padura qui décrit si bien l’ambiance cubaine à deux époques différentes au travers d’une intrigue intéressante. A noter que ce livre a servi de base au très beau film « Retour à Ithaque » auquel l’auteur a participé.

    « Le peintre des batailles » Arturo Perez Reverte
    Avis de Maria :
    Voilà un livre bien parti pour faire le tour de l’atelier lecture ! Et voici donc l’avis de Maria :
    C’est un livre complexe qui dérange. Il donne une vision pessimiste de l’homme et de l’humanité et décrit une violence souvent gratuite dans les guerres. Celle de Bosnie est largement évoquée avec le personnage Croate qui va demander des comptes au héros reporter photographe de guerre. Il fait allusion à l’effet papillon en décrivant les conséquences dramatiques qu’une photo déclenche sur toute une famille et un peuple.
    Le héros photographe est un témoin passif, froid, susceptible par sa présence de déclencher l’horreur. Il récolte honneurs et récompenses sur les meurtres, les massacres : Et que jamais une larme ne t’ai fait manquer ta mise au point… » lui reproche Ivo Markovic le Croate.
    Ce livre semble être un retour de l’auteur sur sa propre expérience de photographe reporter de guerre durant plus de 20 ans. La plupart des scènes décrites font froid dans le dos et peu d’humanité transparaît chez lui, même si parfois on peut la deviner (tentative d’amener un enfant à l’hôpital, tentative de « sauver » une victime), mais très vite l’objectif premier de faire une photo qui va faire sensation domine. Le héros s’est mis à la peinture alors que l’auteur s’est mis à l’écriture, une expression plus acceptable que la photo froide, témoin certes des horreurs de l’actualité mais tellement manipulatrice !

    « L’imposteur » Javier Cercas
    Le livre tourne dans l’atelier. Marie-Lou en a lu un tiers puis a stoppé sa lecture car elle n’a pas aimé le style ainsi que les trois points de vue évoqués. Berthe est en train de le lire mais n’accroche pas. Pierrette, qui l’a apprécié, explique qu’il ne faut pas perdre de vue que c’est un témoignage. L’auteur a voulu le prendre d’un point de vue détaché et a essayé de comprendre les mécanismes qui régissent le personnage. Jeanine lui oppose que ce personnage souffre d’une pathologie tant sa mégalomanie et sa mythomanie sont importantes. Ce à quoi Pierrette rétorque que nous manquons de sympathie pour lui qui a voulu être autre chose et qu’il faut l’excuser à cause de son enfance. C’est quelqu’un de très intelligent qui s’est donné les apparences d’une autre personne. Et une fois la tromperie commencée, il n’a pas pu s’arrêter. C’est un reniement de personnalité pour cet homme qui en changeant de cadre laissait tout derrière lui femme et enfants compris. A suivre…

    « Les dénonciateurs » Jean Gabriel Vasquez (auteur colombien)
    Avis de Pierrette :
    Le début du livre se situe en Allemagne avant la seconde guerre mondiale (1931). Certains juifs ont compris que leurs conditions de vie allaient empirer et décident de quitter ce pays. Donc une famille émigre en Colombie et y ouvre un petit hôtel restaurant. D’autres exilés comme eux arrivent et plus tard débarquent des Allemands : des nazis qui ont compris que la guerre est perdue. Tous ces gens se sont mêlés. Un journaliste, fils d’un Colombien professeur en faculté, se penche sur la question d’une juive. Le livre remue beaucoup de choses et touche énormément son père. Et l’on apprend ce qu’est un dénonciateur. Les Etats-Unis ont demandé à ce que soient établies dans toute l’Amérique des listes noires de personnes très riches. Beaucoup ont fait des pieds et des mains pour ne pas y figurer car si l’on y était on n’obtenait plus aucun travail.
    L’avis :
    Le début semble un peu long. Je ne savais pas qu’il existait des listes noires de ce type. C’est un livre très intéressant.

    «  La dernière danse » Victoria Hislop
    Avis de Pierrette :
    Ce roman m’a fort intéressée. Il raconte l’histoire de cette guerre civile espagnole qui s’abat sur des gens qui vivaient tranquillement à Grenade. Tout à coup, elle leur tombe dessus, toute la famille va éclater car le malheur s’est abattu sur elle. On voit tout le déroulement de la guerre civile jusqu’à la fin et comment la vie ainsi que celle des familles ont explosé. A part cela le roman dans le roman narre une histoire simplette…

    «  Le hussard » Arturo Perez Reverte
    L’avis de Françoise L. :
    Andalousie 1808. Les troupes napoléoniennes entrent en Espagne. Ce livre est intéressant. Il reflète bien une époque et est très bien écrit. (traducteur: François Maspero).
    « La tristesse du samouraï » Victor del Arbol
    Le livre continue de tourner dans l’atelier. L’avis de Marie-Jo :
    J ‘ai bien aimé ce va et vient entre les années 1941 et 1981. Les bourreaux et les victimes de 1941 changent de rôles. Quarante ans plus tard leurs enfants deviennent à leur tour bourreaux et victimes. Livre dur mais intéressant.


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  • Atelier de lecture décembre 2015

    « Le peintre des batailles » Arturo Perez-Reverte
    Les avis divergents sur ce livre ont provoqué une discussion passionnée et enrichissante !
    Avis de Josette :
    1-Le thème : Un ancien reporter photographe de guerre qui a couvert une grande partie des conflits du monde entier s’est retiré dans une vieille tour au bord de la Mediterranée où il vit en ermite. Il a entrepris la peinture d’une grande fresque circulaire à l’intérieur d’une tour, fresque qui joue un rôle primordial dans le roman. Un jour, apparaît un inconnu : c’est un Croate dont la photo, prise par le reporter lors de la guerre de Bosnie, a fait le tour du monde et a eu, pour cet homme, des conséquences les plus dramatiques. Et cet homme annonce au reporter qu’il est venu pour le tuer …. mais pas tout de suite…. Alors, commencent entre les deux hommes plusieurs rencontres, en face de cette fresque où plane le souvenir d’une femme morte depuis plus de dix ans.


    2- L’avis : Nous voilà plongés dans les tréfonds de l’âme humaine avec ses parts les plus honorables mais aussi les plus viles selon les aléas de la vie. C’est un livre remarquable, émouvant, d’une intensité rare et d’une grande vérité où l’auteur a dû mettre beaucoup de lui-même. S’il vous plaît : lisez-le !!!!


    Avis de Pierrette :
    Pourquoi je n’ai pas aimé ce livre ? Je l’ai vécu comme un pensum, m’obligeant souvent à en continuer la lecture, me réfrénant chaque fois, sans pouvoir me décider à arrêter définitivement.

    Je n’ai pas aimé :
    - Les innombrables références très pointues à des tableaux de peintres anciens ou modernes, qui ont fini par me lasser.
    La description minutieuse des détails de l’œuvre picturale du personnage principal : le peintre des batailles. C’est en fait un photographe de guerre consiste à hanter les lieux sanglants à la recherche de « la photo », dont nous comprenons que bien réussie, bien vendue, elle va lui rapporter un prix, qui accentuera sa notoriété. Quid du personnage photographié, c’est un cliché volé à l’insu du malheureux fugitif, vaincu et fuyant sous les balles et les éclats d’obus ou parfois photo du supplicié qui va recevoir dans quelques minutes la balle qui mettra fin à sa vie. Cela fera la « une » et va lui rapporter gloire et argent.
    - Le voyeur méprisable qui ne remet jamais en question l’éthique et l’humanisme d’une profession qui n’en a d’ailleurs pas… Face à celui qui a survécu, qui a tout perdu (femme, enfants) parce qu’il a été reconnu par l’ennemi à la « une » d’un magazine et qui, pour cela a enduré des souffrances indicibles et vient lui demander des comptes, eh bien, face à cet homme, il se perd dans des justifications sur l’art et la nature de l’homme.
    - Le personnage méprisable que la fin du livre révèle encore plus méprisable. J’ai donc détesté le personnage et c’est pour cela que je n’ai pas aimé ce livre et que peut-être j’ai ressenti que l’auteur lui accordait une sorte d’absolution.


    Françoise H et Martine, qui ont lu ce roman, en ont beaucoup apprécié la profondeur et ont trouvé que c’était certainement l’œuvre la plus originale de l’auteur

     

    « Les jeunes mortes » Selva Almada
    Avis de Jeanine :
    Selva Almada est née en 1973 à Villa Elisa dans l’Entre Rios (Argentine). Elle a suivi des études de littérature à Parana avant de s’installer à Buenos Aires où elle anime des ateliers d’écriture. Son premier roman « Après l’orage » a reçu un excellent accueil critique.
    Années 80, dans la province argentine : trois crimes, trois affaires jamais élucidées. Les victimes sont des jeunes filles pauvres, encore à l’école : Andrea, 19 ans, retrouvée poignardée dans son lit, Maria Luisa, 15 ans, dont le corps est découvert dans un terrain vague, Sarita, 20 ans, disparue du jour au lendemain. Troublée par ces meurtres, Selva Almada se lance 30 ans plus tard dans une étrange enquête. Elle visite les petites villes de province plongées dans la torpeur de l’après-midi, rencontre les parents et amis, consulte une voyante… Loin de la chronique judiciaire, avec un talent littéraire évident, elle reconstitue les trois histoires, moins pour trouver les coupables, que pour dénoncer l’indifférence d’une société patriarcale où le corps des femmes est propriété publique dont on peut disposer comme on l’entend en toute impunité. A l’heure où les Argentins se mobilisent contre le féminicide, ce livre est un coup de poing, engagé, personnel, un récit intense servi par une prose limpide.

    « L’Imposteur » Javier Cercas
    Avis de Pierrette :
    C’est un roman passionnant, très dense. L’auteur recherche la vérité non pas pour juger l’imposteur, mais pour comprendre ce personnage, victime de sa « médiamanie », qui, la cinquantaine venue, veut troquer une vie terne et triste pour quelque chose de plus flamboyant qui va faire de lui l’icône des journaux puis de toute une région et au final de tout un pays. Javier Cercas va donc entrer en contact avec Eric Marco peu après l’éclatement du scandale qui révèle à l’Espagne entière que cet homme brillant, président de l’Amicale des déportés de Mathausen, ancien leader du plus grand syndicat de gauche espagnol n’est en fait qu’un menteur fini qui a tout inventé. Alors, l’auteur, sans prendre parti, nous entraîne au plus près du personnage, des réalités politiques et sociales, des bouleversements que l’arrivée du franquisme et son installation définitive apportent dans la vie de tout un peuple. Qu’est-ce qu’un mensonge ? Qu’est-ce qu’un menteur ? Bien sûr, le personnage ne sera pas jugé, jugé pourquoi ? Il a seulement menti. Un mensonge colossal, de plus de cinquante ans… Je ne sais pas ce que vous en penserez mais le personnage est unique en son genre ; c’est le moins que l’on puisse dire !
    Extrait de « Télérama » à propos de ce livre : « Au-delà de l’enquête, Javier Cercas conduit une réflexion sur la littérature. Qu’est-ce qu’un romancier, quelle limite dresse-t-il entre la réalité et la fiction ? A Flossenburg, Cercas découvrira la preuve ultime. Et l’épilogue de ce livre formidable tonne comme une sanction définitive. (Gilles Heuré) »

    « La dernière danse » Victotia Hislop
    Avis de Martine :
    L’auteur est une femme de lettres anglaise née en 1959. Son premier roman « L’île des oubliés », paru en 2005 a reçu le prix de la révélation littéraire en Grande-Bretagne. Traduit dans vingt-six, il s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires à travers le monde et a été adapté en série par la télévision grecque. « Une dernière danse » est son troisième roman.
    Disons-le tout de suite, ce n’est pas le roman de l’année. La structure du roman dans le roman est tout de même facile et semble-t-il légèrement éculée. Le roman nous conte l’histoire de deux anglaises, aux personnalités différentes, l’une Sonia, mariée à un homme rigide et l’autre célibataire, aux aventures multiples. Elles aiment toutes les deux la danse et partent une semaine à Grenade s’initier au flamenco. Et, là, dans un café de cette ville, l’héroïne fait la connaissance du vieux serveur, noue des liens d’amitié avec lui et ce dernier lui raconte, alors, l’histoire de ce vieux café, de ses propriétaires et de lui-même. Et nous voilà plongés dans l’histoire de la ville et de celle d’une famille de quatre enfants, dont trois fils et une fille passionnée de danse, que la guerre d’Espagne et la prise de la ville par l’armée franquiste va venir bouleverser. Et si l’historiette que narre le roman est légère et convenue, le roman dans le roman est lui beaucoup plus profond et sait dépeindre le déchirement, la souffrance, les épreuves que cette famille traverse. Chacun va choisir son camp entre résistance, soumission ou fuite. En conclusion, c’est un roman inégal avec des aspects attachants par leurs côtés profondément humains.

    « La nuit du bûcher » Sandor Marai
    Avis de Jeanine :
    Né en 1900, Sandor Marai connaît dès ses premiers romans un succès immense. Ecrivain hongrois, honoré puis décrié par le régime communiste car taxé « d’écrivain bourgeois », il s’exile en Europe puis aux Etats-Unis, revient en Europe (Italie), retourne aux Etats-Unis où il met fin à ses jours en 1989. Il jouit dans le monde entier d’une réputation égale à celle de Stefan Zweig, Schnitzler….Parmi ses livres : « Les braises », « Le premier amour », « La confession d’un bourgeois », « La sœur »…Parmi les longues années qu’il a passées en exil, c’est à Salerno, près de Naples dans les années 1968 à 1980 qu’il rédige « La nuit du bûcher », un roman historique dont l’action se situe à Rome en 1598 au temps de l’Inquisition. L’auteur nous fait vivre les enjeux de ce dispositif totalitaire de l’intérieur, en choisissant pour narrateur un carme venu d’Espagne en vue de mieux connaître les techniques et les ressorts permettant d’amener les condamnés au repentir ou à la conversion pour atteindre la « vérité suprême que Rome est la seule à connaître ». Dans un récit au rythme maîtrisé, l’auteur nous donne la position d’infiltrés dans un système régi par sa propre logique, inhumaine. Nourri de l’expérimentation de la guerre, du fascisme, du stalinisme qui le poussera à l’exil, il expose le regard lucide d’un homme sur l’idéologie totalitaire conçue pour broyer la volonté et la dignité humaines. De plus, les fondements religieux présentent des échos saisissants avec une certaine actualité contemporaine.

    Pour finir je souhaite à tous les membres de cet atelier,
    Une année heureuse, une année bouquineuse, une année joyeuse, une année radieuse, une année curieuse, une année rieuse, une année voyageuse, une année merveilleuse !!!
    Martine
    Prochaine rencontre : le jeudi 14 janvier 2016


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  • Atelier de lecture novembre 2015

    « Empereur des ténèbres » Ignacio del Valle
    Avis de Françoise L :
    "C’est un auteur déjà très connu en Espagne, traduit et primé dans divers pays. On se gardera de le classer trop rapidement au rayon des polars : il a l’étoffe d’un excellent écrivain. Il raconte ici l’histoire d’une vengeance. Les faits se déroulent en 1943, sur le front de Leningrad, dans un régiment espagnol composé de militaires franquistes, de phalangistes et pauvres bougres qui fuient la misère. Un matin on découvre le cadavre d’un soldat espagnol pris dans les glaces : première victime d’une étrange série. Le soldat Arturo Andrade, garçon violent et arriviste ayant sur la conscience plusieurs crimes commis à Madrid, est chargé de mener l’enquête. C’est un ancien officier, dégradé dans d’autres ouvrages de l’auteur. Ses investigations le mènent vers quelques découvertes hideuses et quelques mauvais pas… Le froid, la faim et un conflit international forment la toile de fond du roman. Les personnages, dont les secrets sont dévoilés au fur et à mesure de l’intrigue, sont aussi ambigus que passionnants. L’auteur a un extraordinaire pouvoir d’évocation : on voit vraiment le paysage gelé, les chevaux blessés…"

    « The yankee comandante » David Grann
    Avis de Jeanine :
    "C’est l’histoire de William Alexander Morgan, né en 1928, adolescent américain instable qui quitta le foyer familial pour voyager à travers le monde, fuyant à nouveau dès qu’une forme de stabilité s’installait. Il se maria subitement à 18 ans puis partit rapidement faire la guerre au Japon où il met enceinte une américano-japonaise. Il s’enfuit et déserte et fait de la prison. Il devient cracheur de feu en Californie où il épouse une charmeuse de serpents dont il a une fille et un fils. Puis il part pour Cuba et trouve sa voie dans le combat contre Batista et le régime cubain, aux côtés de Castro ce qui entraîne la déchéance de sa nationalité américaine. Il dit : « je suis cubain, maintenant, et je crois en la révolution ». Il se distingue rapidement dans les combats et devient « comandante » au même titre que Guevara, qu’il n’apprécie pas, de même que Raoul Castro parce qu’ils sont communistes. Mais il fait une entière confiance à Fidel Castro. Il tombe amoureux d’une guerillera avec laquelle il aura une fille. Puis, il y a un renversement politique qui permet l’accession au pouvoir de Fidel Castro. Mais ce dernier, petit à petit, s’éloigne des idéaux pour lesquels Morgan avait combattu. Il exprime alors son désaccord et se retrouve en prison, accusé de conspiration et de trahison...
    David Grann , qui a bénéficié pour ce récit de l’ouverture des archives de la CIA, du FBI et des renseignements militaires, fait la lumière sur les idéaux d’une révolution et réhabilite un homme qui y a tenu un rôle de premier plan, trouvant dans cette cause stabilité et épanouissement de sa personnalité. Il dresse le portrait d’un idéaliste , écrit le récit d’une épopée tragique et sentimentale et nous fait connaître le destin hors du commun d’un homme apatride et amoureux qui fut exécuté le 11 mars 1961. L’auteur a rencontré sa femme, Rodriguez, à Miami. Elle avait 60 ans. Après 10 ans de prison, elle a pu s’échapper de Cuba. Sa dernière bataille a été de rétablir la citoyenneté américaine de Morgan et permette qu’il repose auprès de sa famille à Toledo."

    « L’ombre du vent » Carlos Ruiz Zafon
    Avis de Marie-Lou :
    Il flotte sur ce livre un parfum de mystère. On y trouve les personnages du présent et les personnages du passé. Parmi ces derniers certains ont disparu et d’autres surgissent au fil du récit. Tous sont reliés : ils ont ou ont eu un rapport avec un certain livre… En lisant ce roman, nous allons de découverte en découverte, tout cela au cœur des vieux quartiers de Barcelone où nous rencontrons des personnages de toutes sortes : de l’ancien tortionnaire franquiste au clochard devenu libraire, sans oublier le prêtre du « collège San Gabriel » et les nonnes de » l’Asile des Dames du dernier supplice » et leurs pensionnaires…

    « L’amour humain » Andreï Makine
    Avis de Jeanine :
    Andreï Makine, né en Sibérie a publié neuf romans parmi lesquels «  Le testament français » (prix Goncourt et prix Médicis 1995), « La musique d’une vie » (Grand prix RTL lire en 2001, « La femme qui attendait » en 1987. Il a obtenu l’asile politique en France et la nationalité française en 1996.
    « L’amour humain » s’inscrit dans la lignée des grands romans de la littérature française traitant de l’engagement politique et reprend sur fond contextuel des grands bouleversements de la fin du XXème siècle les grandes questions humanistes soulevées par Sartre ou Camus, dans les années de l’après-guerre.
    Enfant, Elias est un petit africain Angolais dont le père est un révolutionnaire et la mère une prostituée par l’obligation de pouvoir arriver à le nourrir. Adulte Elias poursuit le combat de son père en Angola contre le colonialisme portugais. Entraîné dans les écoles de l’ex URSS et de Cuba, sa vie croisera celle du Che. Mais tout au long de son chemin, il s’interroge sur l’avenir des révolutions et leur sens, si les hommes n’apprennent pas à aimer véritablement. Lui, l’amour, le vrai, il l’a éprouvé. Si seulement le reste de l’humanité le pouvait aussi….
    Extrait :
    «  Durant toute sa vie, il aurait l’impression de se rappeler chaque minute passée avec elle, chaque angle de rue qu’ils avaient tourné, chaque aquarelle de nuages au-dessus de leurs têtes. Et pourtant dans les moments les plus proches de la mort, donc les plus vrais, c’est cet-instant-là qui reviendrait avec la patiente douleur de son amour, la senteur amère de la neige, le silence d’une chute du jour et les yeux qui l’avaient retenu debout. ».
    Ces moments de poésie côtoient le dur réalisme de la guerre. C’est de la belle littérature.

    « Sa seigneurie » Jaume Cabré
    "Roman traduit en excellent français. La qualité littéraire époustoufle : intrigue saisissante pleine de rebondissements, longues phrases proustiennes alternant avec des dialogues truffés d’arrières pensées et des monologues intérieurs, maîtrise des mouvements temporels et des flash-back, art de différer les réponses, de donner, comme Balzac, vie à une centaine de personnages, de ressusciter, comme Dumas, l’atmosphère d’une époque abolie : Barcelone entre 1795 et 1800, assez proche de la France pour que des écrits satiriques révolutionnaires y fleurissent contre les Bourbons.
    Jaume Cabré dresse le portrait d’une société corrompue à son crépuscule. Somptueux comme un opéra Puccinien ou un projet de Visconti «  Sa Seigneurie » ( prix Méditerranée étranger) bénéficie d’une traduction d’une saveur enthousiasmante. Enfin une grandeur non usurpée." Philippe Jean aCtanechi « Le monde »

    Prochaine réunion le jeudi 10 décembre A bientôt. Martine


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  • Atelier de lecture du 08/10/2015

    « Avril Rouge » de Santiago Roncagliolo
    Pierrette a eu un peu de mal avec ce livre. Elle nous dit qu’elle n’a pu adhérer à son anti-héros qui lui a donné la nausée tout au long de l’ouvrage car lamentable, « tête de lard », borné …. Au début, on prend ce procureur pour un être falot, puis il se révèle obstiné et devient de plus en plus antipathique et corrompu. Corruption, noirceur règnent tout au long de l’enquête et en font, pour Pierrette un livre plutôt repoussant, à ne pas lire déprimé… Françoise précise que cela souligne le côté noir de l’Amérique latine, décrit la société péruvienne et montre la fracture entre les citadins et les indiens. Alors, attendons que le livre circule pour recueillir d’autres avis….


    « Le héros discret » de Mario Vargas Llosa
    Avis de Jeanine :
    Après plusieurs romans situés dans les géographies les plus éloignées, Mario Vargas Llosa revient au Pérou, son pays natal, dont il fait le décor du « héros discret ». Il nous dépeint la situation actuelle d’une société dotée d’une croissance économique mais inégalitaire et corrompue. A Piura, Felicito Yanaqué, patron d’une entreprise de transports, est l’objet de chantage et d’intimidations supposées mafieuses. Felicito, petit homme très mince, sobre et travailleur, élevé à la force des bras, refuse de se soumettre, fidèle à la devise de son père « te laisse jamais marcher dessus par personne, mon fils ». Outre ses journées harassantes au travail, il pratique la gymnastique chinoise et passe du temps avec sa maîtresse, Mabel, qu’il entretient. A Lima, Ismael, patron d’une riche compagnie d’assurances, se voit menacé par ses deux fils, qui convoitent sa fortune en souhaitant sa mort. Ce sont des jumeaux, « les hyènes », bons à rien, incultes. Et Ismael demande à Rigoberto, le gérant de la compagnie et son ami, de le soutenir dans son projet de mariage avec sa gouvernante, sans l’aval de ses fils cupides…. Le parcours de Felicito et Ismael finiront par se croiser, mais leur épopée mélodramatique va tourner au vaudeville…
    Les deux chefs de famille appartiennent à une autre époque. Ils doivent lutter contre leurs propres enfants qui apparaissent comme des voyous sans foi, ni loi. J’ai trouvé ce roman long, notamment dans sa première partie et il m’a fallu beaucoup de temps pour rentrer dans l’histoire qui se veut pleine d’humour, humour que je n’ai pas su apprécier, tout en reconnaissant que les personnages sont « croqués » avec une certaine finesse littéraire. Il y a deux personnages particulièrement intéressants : la mystérieuse Adelaida qui n’est pas voyante, mais sent les choses…et le fils de Rigoberto, qui s’invente une vie avec un personnage imaginaire…
    Jeanine

    « Demain à Santa Cecilia » de Maria Duenas
    Avis de Françoise :
    J’ai été déçue par la fin de ce livre, écrite à la manière d’une fin de roman policier, le jour où l’héroïne quitte le pays. Je la trouve bâclée. C’est le dernier jour que tout s’accélère. Tout est intéressant, sauf la fin. L’auteur n’a pas su sortir de son roman.


    « L’espionne de Tanger » de Maria Duenas
    J’ai bien aimé le début du livre, qui se situe à Gibraltar avant la guerre. Jeune femme passionnée tombée amoureuse à Madrid d’un garçon qui lui avait promis une belle existence. Elle se retrouve ruinée par lui, trouve refuge à Tetouan , capitale du protectorat espagnole au Maroc et pour survivre exerce son métier de couturière. Elle monte une maison de couture où toutes les femmes viennent s’habiller. Sira conquiert ainsi ses entrées dans les plus grandes maisons, où se fomentent les alliances entre nazis et franquistes. Bientôt, elle est approchée par les services secrets britanniques. Pour eux, la couturière aux doigts d'or invente un très astucieux système de communication cryptée. Mais la guerre des espions n'est pas un jeu d'enfant. Envoyée à Tanger, à Madrid et à Lisbonne, Sira doit déjouer les pièges très sophistiqués d'ennemis aux manières policées, mais à la férocité bien réelle. A Tanger, elle rencontre une jeune anglaise, très libre, et maîtresse du haut commandant militaire espagnol.
    J’ai trouvé intéressante sa vie à Tanger. J’ai suivi avec plaisir le parcours de cette jeune femme anglaise dont l’amant se retrouve au gouvernement. Les deux personnages féminins suscitent beaucoup d’intérêt. L’ambiance qui régnait avant guerre est bien rendue ainsi que les relations entre l’Espagne et le Maroc à cette époque. Tandis qu’à Madrid, le livre montre bien le décalage entre la misère totale du peuple et la haute société qui vit largement et festoie.
     

    « Toutes les vagues de l’océan » de Victor del Arbol
    Avis de Martine :
    C’est un livre que j’ai refermé en étant quelque part « KO », sonnée. C’est une œuvre puissante, captivante, tragique et terrible. L’enfer de Nazino en Sibérie a bien existé, illustration parmi tant d’autres de la folie meurtrière de Staline. Il faut beaucoup de talent pour choisir comme personnage principal un homme plutôt banal, falot, résigné à vivre une vie qui ne lui convient guère entre une femme avec laquelle il a pris ses distances et un très riche beau-père possesseur d’un cabinet d’avocats florissant, alors que lui n’est qu’un petit avocat qui va être contraint de s’associer avec lui. Mais survient le grain de sable qui va bouleverser sa vie : sa sœur aînée avec laquelle il n’a plus de contacts depuis des années, se suicide, terrassée par l’assassinat de son fils par un mafieux sur lequel elle enquêtait depuis des années. Alors, le personnage plutôt médiocre se révèle très entêté car il veut découvrir ce que cache ce suicide et le lecteur se trouve emporté dans une histoire tortueuse où se mêlent passé familial, poids des secrets, vengeance qui s’exerce par- delà les décennies et Histoire tout court (seconde guerre mondiale, guerre civile espagnole, Russie stalinienne). Et c’est ainsi que de révélations en révélations, on se trouve emporté au sein d’un récit sombre, haletant, sans illusions et sans concessions. C’est un grand roman noir dont on ne ressort pas indemne, mais qui, une fois de plus, prouve l’immense talent de l’auteur.
    Jeanine et François ont été « accro », subjuguées mais ont trouvé quelque part ce livre malsain. Quant à Pierrette, elle y a rencontré trop d’horreurs qui saturent à force le lecteur.

    Sont évoqués aussi les ouvrages suivants :
    « Profession du père » de Sorj Chalendon
    « La danse des millions » de William Navarette, auteur aussi de « En fugue ». C’est l’histoire d’une quête d’héritage qui permet de découvrir la société cubaine avec un peu de réalisme magique.

    Cet atelier de lecture est toujours un moment privilégié d’échanges fructueux. Vivement la prochaine rencontre !!!
    Martine


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  • Atelier lecture du 11/09/2015

    «Une imposture» Juan Manuel de Prada
    Voilà un livre qui parle de la Division Azul qui va être abandonnée par Franco. Beaucoup de soldats sont faits prisonniers par les Russes et envoyés dans des camps. Le roman est très intéressant. Il raconte l’histoire d’un homme de basse origine madrilène qui, étant jeune, passait son temps à escroquer minablement les riches qui viennent voir les corridas. A partir du moment où il a une complice qui attire les hommes dans des fourrés où ils se font détrousser, l’argent rentre plus. Mais le jour où son « associée » tue un homme, tout tourne mal et le héros, par amour, endosse le crime et s’engage dans la Division Azul pour échapper à la police. Sur le front russe, puis dans les camps il devient l’ami d’un officier droit et pur qui ne veut rien céder aux Russes malgré des conditions de vie épouvantables et en plus il lui ressemble étrangement… et finira par endosser son identité. Au bout de treize longues années, c’est le retour en Espagne…
    « J’ai trouvé ce roman passionnant mais un peu décevant sur la fin. En effet, il semble nous dire que si on est de basse extraction et un peu voyou on le restera toute sa vie. J’ai trouvé ce déterminisme social trop prégnant dans le roman. » Pierrette
     En Espagne, l’auteur est appelé « le franquiste de salon ». Adversaire de l’avortement et de l’euthanasie, chroniqueur au très conservateur quotidien « ABC », hanté par la guerre civile espagnole, il écrit cependant des livres fortement remarqués par la critique car talentueux. Le monumental « Les masques du héros » est accueilli avec enthousiasme (1996). Le suivant « La tempête » a remporté le prix « Planeta ». « La vie invisible »est peut-être son roman le plus complexe et le plus sombre (2003). A noter que « Le septième voile » (2007) est un roman épique situé en France pendant la deuxième guerre mondiale et qui met en question les mensonges de l’histoire et les dangers de la mémoire.
    « Arrivée à plus de la moitié du livre que je trouve intéressant, je pense comme Pierrette que l’auteur est dur avec son personnage appelé à être dans sa vie lâche et veule et surtout à se considérer comme tel, avec un mépris de lui-même. On en arrive à éprouver de la compassion pour lui. L’autre personnage, malgré sa loyauté à son idéal (qui n’est pas le mien…), son charisme, sa dignité, son refus de se laisser déshumaniser n’inspire pas les mêmes sentiments. Héros d’une armée qui se veut sans tâche, qui n’a jamais commis d’exaction, qui agit pour la gloire de l’Espagne et sa religion , c’est la figure du chevalier qui s’incarne ici. Mais que l’on soit d’accord ou non avec les opinions développées par l’auteur, ce roman a une grande puissance narrative et nous plonge avec style et talent dans une page d’histoire. Martine

    « Demain à Santa Cecilia » Maria dueñas

    Ce roman raconte l’histoire d’une universitaire espagnole d’environ quarante ans qui vient d’être quittée par son mari. Suite à son désir de quitter l’Espagne afin d’oublier, elle obtient une bourse qui lui donne accès à un poste dans une université californienne. Là, elle classe des archives provenant d’un professeur d’espagnol qui a disparu depuis une trentaine d’années…Tour à tour on découvre dans le roman la vie sous Franco dans les années 50/60, l’histoire de ce professeur disparu qui s’intéressait beaucoup aux missionnaires espagnols venus christianiser la Californie, sans compter que l’intérêt que porte l’héroïne à ce personnage suscite une curieuse agitation…. C’est un roman passionnant qui se lit très facilement. Josette
     

    « Ça aussi ça passera  » Milena Busquets
    Née en 1972 à Barcelone, l’auteur a travaillé de nombreuses années dans une maison d’édition et aujourd’hui est journaliste de mode et traductrice d’anglais et de français.

    C’est l’été. Après le décès de sa mère, l’héroïne du roman quitte Barcelone pour s’installer dans la maison familiale de vacances à Cadaquès. Afin d’y trouver l’apaisement. Elle part donc, mais entourée d’une troupe disparate : amis, ex-maris, enfants, amant qu’elle retrouve là-bas. Le souvenir de sa mère étant omniprésent, elle ne cesse de lui parler au-delà de la mort, tant cette disparition lui semble difficile et inacceptable. Elle écrit une lettre silencieuse à cette mère intellectuelle, libre, fantasque exigeante qu’elle a tant aimée et tant détestée. Pourquoi ? On ne le saura pas….Elle lui dit que face à la mort elle choisit la légèreté, l’élégance, la vie, l’amour…
    « Je trouve que ce présent de la vie à Cadaquès (baignades, promenades en bateau, aventures amoureuses, dîners où les paroles s’échangent aussi facilement que les joints) est trop développé au détriment des souvenirs qui affleurent ». Jeanine
    « C’est le roman de la « Bobo » frappée par un deuil douloureux. Malgré de bons passages, le roman reste superficiel, vague, incomplet. C’est un instantané où les jolies couleurs d’une photo souvenir sont voilées par la douleur du deuil, mais restent quand même les vacances, les amis etc… Mais qu’y avait-il avant la photo, qu’y aura-t-il après ? A nous et à notre imagination de compléter le roman. L’auteur nous dessine le portrait d’une quadra plutôt immature, un peu « paumée », à l’existence superficielle et facile qui trouve dans le sexe, l’alcool, les amis, les joints des compensations à sa douleur. Si quelques passages contiennent beaucoup d’émotion et sont bien écrits, le livre reste léger et frustre le lecteur. Mention : peut mieux faire ou est arrivée au bout de ses possibilités ? ». Martine

    « En fugue » William Navarrette
    L’auteur, de nationalité française, est né en 1968 à Cuba. Il dresse dans son roman l’histoire de Cubains qui ont fui l’île sous Castro à travers une famille et son mode de vie ( clan de femmes).
    En fugue est le récit d’une fuite, de l’arrachement au pays, à Cuba. Celle d’un fils et de sa mère qui s’échappent d’une île corrompue, machiste et irrationnelle. Mais ce départ est également l’occasion d’une rétrospective, celle d’un retour aux sources où l’innocence de l’enfance se mêle à la clairvoyance de l’exilé. À travers la voix du petit garçon ou du jeune homme qu’il deviendra, le narrateur replonge ainsi dans l’histoire de sa famille, de son île, afin d’en restituer toutes les saveurs, les couleurs et les personnalités au rythme endiablé de la musique populaire cubaine.
    « L’écriture est forte. L’ironie côtoie la tendresse et l’émotion. Le livre est passionnant. » Marie-Jo.

    « La couturière » Frances de Pontes Peebles
    Livre très intéressant qui est une chronique des mouvements révolutionnaires du Nord Brésil en 1930 lorsque ce pays n’était pas encore entièrement unifié. L’action se situe dans une région de forêts où la vie est très dure. Comme l’état prélève beaucoup d’argent, ces révolutionnaires sont très aimés de la population. Ce roman retrace la vie de deux sœurs totalement différentes que le destin va séparer. L’une rêvant de belles robes épousera un notable de la ville, l’autre enlevée par un bandit des grands chemins qui vole aux riches pour donner aux pauvres, deviendra « La couturière », célèbre cangaceira du Brésil : tireur émérite aux doigts de fée.

    « La Senora » Catherine Clément
    Ouvrage passionnant et édifiant sur le plan historique. Cette femme a existé et a été à la base de la fondation de l’état d’Israël. « Je l’ai lu et relu ». Pierrette.

    Sont évoqués les ouvrages suivants :

    « L’empereur aux mille conquêtes » de Javier Moro continue à faire la nôtre.
    « La Capitana » d’Elsa Osorio a provoqué un rejet de traduction chez Maurice.
    « La cathédrale de la mer » suscite autant de plaisir de lecture


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  • Atelier de lecture du 28/05/2015


    « L’empereur aux mille conquêtes » de Javier Moro
    L’auteur est né en Espagne. Il est écrivain et scénariste et a travaillé aux Etats-Unis avec des réalisateurs comme Ridley Scott.
    Le thème : Sous ses airs de mauvais garçon, le prince Pedro descend d'une longue lignée : les Bragance. Il a vécu à Lisbonne jusqu'à l'âge de huit ans, en 1807, date à laquelle les armées de Napoléon marchèrent sur la capitale portugaise et où son père décida d'embarquer la Cour vers la principale colonie du royaume, le Brésil, pour sauver la monarchie.
    Rio de Janeiro devint ainsi la capitale de l'empire portugais et, pour Pedro, le royaume de son enfance. Ce garçon qui n'aime rien tant que sa liberté, qui grandit comme un faune heureux entouré de serviteurs, de maîtresses et d'esclaves attentifs à ses moindres désirs, ne peut imaginer qu'un jour il sera appelé à devenir un héros. Pourtant, au côté de Léopoldine, sa femme, il changera non seulement le destin du Brésil mais aussi celui du Portugal, et fera de leurs deux peuples deux nations libres.

    Dans un roman à couper le souffle, digne des meilleurs scénarios hollywoodiens, Javier Moro raconte un personnage hors du commun et précise qu’il n’a rien inventé et que tout est vrai.
    L’avis : Je suis passionnée par ce roman que je suis en train de lire !!! (Pierrette)

    « Les soldats de Salamine » de Javier Cercas
    L’auteur est né en Espagne à Caceres et après des études de philologie il devient professeur de littérature espagnole à l’université de Gérone. Son livre « Les soldats de Salamine » a été écrit en 2001, traduit en plusieurs langues et porté à l’écran par David Prueba. Il est aussi l’auteur de plusieurs recueils, chroniques et romans dont «  Anatomie d’un instant » et « Les lois de la frontière ». Ce dernier roman a obtenu le prix Méditerranée étranger en 2014.
    Le titre du roman est une allusion à la défaite de la Perse, face aux Athéniens quatre siècles avant J.C., ainsi qu’au désespoir des soldats conscients du désastre annoncé face à l’émergence triomphante d’Athènes.
    Le thème : Un journaliste historien va prendre connaissance, par hasard, d’un fait historique survenu dans les derniers jours de la guerre d’Espagne qui concerne Rafaël Sanchez Mazas, cofondateur de la Phalange, écrivain et idéologue. C’est un personnage assez falot, bon écrivain mais pas génial, pas très courageux, et même trouillard, qui, par ses idées, a joué un grand rôle dans le franquisme et deviendra même ministre de Franco. L’événement qui le concerne est le suivant : arrêté par les « Rouges » alors en déroute, incarcéré à côté de Figueras, il échappe miraculeusement à son exécution et non moins miraculeusement à ce qui aurait pu être sa deuxième exécution face à un soldat qui, sans mot dire, le laisse s’échapper. Alors, qui est ce soldat ?
    Le journaliste va donc se lancer, dans une enquête fiévreuse, à la recherche de ceux qui auraient pu être les témoins de ce fait et de ceux qui auraient pu être les compagnons de cavale de Mazas : trois déserteurs de l »armée républicaine. Mais, surtout, il tente de retrouver la trace de ce soldat qui a laissé la vie sauve à Mazas. Il va donc le trouver mais est-ce vraiment bien lui ? Le doute va planer jusqu’au bout de l’histoire…
    L’avis : C’est un récit attachant et bien mené. Nous avons rencontré l’un des soldats de Salamine.


    « Rêves oubliés » de Léonor de Récondo (paru en 2012)
    L’auteur est née en 1976 et vit à Paris. Violoniste virtuose, elle se produit régulièrement dans de nombreuses formations. Ses autres romans sont « La grâce du cyprès blanc » paru en 2010 , « Pietra viva » en 2013 et « Amours » publié en 2015.
    Le thème : L’histoire se situe en août 1936 au pays basque espagnol qui risque de tomber entre les mains des franquistes. Toute une famille (parents, enfants, oncles et grands-parents) vont trouver refuge à Hendaye. Aïta, le père, qui dirigeait une fabrique de céramiques, travaille comme ouvrier à l’usine d’armement. En 1939, les oncles, activistes, sont arrêtés et internés au camp de Gurs. La famille fuit à nouveau dans une ferme très rudimentaires des Landes où bientôt les oncles les rejoindront avec d’autres activistes, poursuivant leurs activités clandestines. Les allemands, à proximité, surveillent la centrale électrique voisine. La raison de vivre du couple devient « être ensemble ». Alors Ama, l’épouse, se met à écrire une sorte de « journal » dans lequel elle consigne souvenirs, émotions et secrets.
    L’avis : Léonor de Récondo a choisi de raconter uniquement le quotidien de cette famille d’exilés, sans approfondir le contexte historique, en essayant de donner à son roman une teinte poétique qui, je trouve, est exprimée de manière très naïve, bien que sobre et pudique. Ce qui m’a le plus intéressé c’est l’évolution et l’adaptation des trois fils dont l’un, le plus tourmenté, est artiste dans l’âme. Le cadet est vif et veut tout comprendre et le dernier, enfant radieux, ne vit que pour le dessin. Ce livre tout en retenue et émotion rend hommage aux exilés espagnols en parlant à notre cœur.


    « Pas pleurer » de Lydie Salvayre a provoqué un bel échange au sein de l’atelier. Tout d’abord la façon dont l’auteur fait parler sa mère a suscité des réactions : Maire-Lou n’a pas aimé le style utilisé : ne serait-ce pas de la dérision ? Martine y a vu une certaine facilité. Dans le roman lui-même, Maurice a souligné les passages faisant référence à Bernanos qui apportent de la matière à l’ouvrage. Martine a jugé l’histoire un peu mince et a souligné aussi que ce qui concerne Bernanos apporte de la gravité, du poids et de la vérité historique au roman. Il faut saluer le courage de cet homme qui s’est élevé contre sa propre religion et qui authentifie l’histoire selon Maurice. Martine a beaucoup apprécié la description de la vie, des barrières sociales et des traditions du village où a vécu la mère de l’auteur. Quant à Josette et Pierrette elles ont été le plus émues par le fait que cette mère ait livré la partie la plus importante de sa vie à sa fille. Il s’en est suivie une discussion sur les regrets que nous avons de na pas avoir suffisamment fait parler nos parents sur leur vie…


    « La puissance des mouches » du même auteur
    Le thème : C’est l’histoire d’un prisonnier qui fait ses confidences sur sa vie aux personnes avec lesquelles il est en contact : le juge, le psychologue, un gardien… . Il raconte son enfance auprès d’un père tyrannique, violent qu’il hait depuis qu’il est tout petit. Devenu adulte il est absolument fou de Pascal et devient gardien dans un musée consacré à cet homme célèbre. Lors des visites il essaie de transmettre sa passion et son admiration aux touristes de passage et supporte mal leur manque d’attention. S’ajoutent à cette désillusion et l’irritation qu’elle entraîne, des difficultés relationnelles avec son supérieur hiérarchique. Alors petit à petit son existence se modifie et on assiste à une métamorphose qui le conduira à l’ACTE…
    Les avis : Martine et Josette ont bien aimé ce roman surprenant et original et ont pris beaucoup de plaisir à le lire.


    Autres romans évoqués :
    « La vie privée d’Ernesto G… » de Jean-Michel Guenassia . C’est un livre qui a fait l’unanimité au sein de l’atelier. On s’y laisse prendre. (Maria)


    « Journal »d’Hélène Berr. Ce journal n’était pas écrit pour être publié. Jeanine l’a trouvé lumineux.


    Les livres vivent et nous font vivre : ils circulent, passent de main en main, nous unissent et nous réunissent, alors continuons : LISONS !!!!
    Martine


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  • Atelier de lecture du 16/05/2015

    «Le bourreau de Gaudi» de Aro Sainz de la Maza
    Ce livre est un roman policier écrit par un auteur né à Barcelone en 1959 et qui a obtenu le prix RBA du roman noir.
    Le thème :
    Plusieurs éminentes personnalités de la ville sont assassinées de manière plutôt cruelle…à découvrir en le lisant…. L’enquête est menée par un policier plutôt atypique secondée par une jeune et jolie inspectrice. Ce policier qui avait été révoqué pour faute grave lors d’une précédente enquête, est rappelé pour résoudre le mystère de ces crimes qui se produisent tous près des œuvres de Gaudi. (Maria et Josette)

    « Journal d’un enlèvement » de Gabriel Garcia Marquez
    Le thème :
    Huit journalistes ont été enlevés par Pablo Escobar. Le roman, par le style, est un reportage. L’auteur a mis trois ans à l’écrire car il a recueilli, auprès de ces journalistes, toutes leurs informations et leurs témoignages.
    L’avis :
    C’est un livre qui est écrit simplement et qui donc ne joue pas avec les effets de style. L’auteur nous tient au courant de ce qui se passe jour après jour ce qui fait que ce livre peut paraître parfois un peu long et répétitif mais, par cet effet-là, le lecteur ressent la longueur des journées et la lassitude des kidnappés. ( Josette )

    «La garçonnière» d’Hélène Grémillon
    Le thème :
    Pendant la dictature en Argentine, une femme est retrouvée morte. Son époux est un psychiatre bien connu. Une patiente, issue d’un milieu simple, est persuadée qu’il n’est pas le meurtrier de sa femme et tente donc de l’aider car il a été incarcéré de suite. Elle écoute toutes les bandes enregistrées de ses thérapies dont celle du pianiste Estrella qui raconte les tortures subies pendant quatorze mois (il a été libéré après la mort de sa femme ). A travers tous ces enregistrements, on réalise tout ce qu’ont subi ces personnes torturées physiquement et moralement. (Jeanine)

    «La Capitana» d’Elsa Osorio
    Le livre tourne au sein du club.
    L’avis :
    C’est très bien. Cette femme, qui a un charisme impressionnant, est extraordinaire. Avec son mari, elle a formé un couple idéaliste. On peut mettre en relation ce roman avec celui de C.J. Simpson : «Un hiver à Madrid» car ces deux ouvrages apportent un cours d’histoire. (Pierrette)

    «Intempérie» de Jésus Carrasco
    L’avis :
    C’est un livre triste, dur qui ne comporte aucun rayon de soleil. Il y a un fort décalage entre les personnages et l’écriture. Je ne suis pas entré dans ce roman. ( Maurice )

    «Le gardien invisible» de Dolores Redondo
    Le thème :
    Intrigue policière dans laquelle la psychologie des personnages est très poussée et qui se situe au pays basque espagnol et qui restitue bien les paysages, les croyances et les traditions de cette région. Un tueur en série tue des fillettes… C’est le premier volume d’une trilogie.
    L’avis : Je l’ai beaucoup aimé. (Jeanine)

    «Santa Evita» de Tomas Eloy Martinez
    Le thème :
    «Santa Evita», c’est le roman de la vie d’Eva Perón mais c’est surtout l’épopée tragi-comique et même quasiment surréaliste de son cadavre embaumé.
    Forte et paradoxale personnalité, Eva Perón, fille illégitime d’origine très modeste, part très jeune à Buenos Aires (15 ans), s’initie au métier de comédienne et acquiert un certain renom au théâtre, au cinéma et surtout à la radio. En 1943, elle fut l’un des fondateurs de l’ARA (syndicat des travailleurs de la radiodiffusion), dont elle fut élue présidente l’année suivante. En 1944, elle fit la rencontre de Juan Perón, alors secrétaire d’état du gouvernement au pouvoir issu d’un coup d’état, et elle l’épousa en octobre de la même année. Ses origines modestes et sa carrière professionnelle firent qu’elle ne fut jamais acceptée par la « bonne société » de l’époque. Elle en gardera une idée de vengeance.
    Elle œuvra en faveur du droit de vote des femmes et en obtint l’adoption légale en 1947. Elle lutta ensuite pour l’égalité juridique des conjoints, ce qui fut mis en œuvre dans la constitution en 1949. La même année, elle fonda le parti péroniste féminin qu’elle devait présider jusqu’à sa mort. Elle déploya une ample activité sociale qui visait à soulager la misère des « Descamisados ». Sa fondation « Eva Perón » fit construire des hôpitaux, des asiles, des écoles, favorisa le tourisme social par la création de colonies de vacances, promut la pratique du sport, accorda des bourses et des aides au logement.
    Elle était adorée du peuple. Dans ses discours, elle jouait sur l’émotion, elle donnait du péronisme une image généreuse, humaine et œuvrait toujours dans le cadre de ce parti. Elle mettait toujours en avant son mari et sa création du parti féminin péroniste permit de mobiliser un réservoir d’électorat pour son parti. Elle fut donc, l’orchestrateur du culte de la personnalité de Juan Perón et prit part à ses campagnes électorales. Elle entretint des rapports étroits avec le syndicalisme.
    On a donc une femme énergique, sociale mais aussi populiste et manipulatrice, à qui le peuple vouait un véritable culte.
    Donc, lorsqu‘elle mourut d’un cancer en 1952, son mari fit embaumer son corps puis celui-ci reposa dans une pièce d’un bâtiment syndical. Mais lorsque Juan Perón fut renversé, le nouveau parti au pouvoir décida de faire disparaître le cadavre d’Eva car il ne fallait surtout pas qu’il reposât dans une tombe qui aurait pu devenir un lieu de culte et le symbole du péronisme. Et c’est là que commence l’histoire de son cadavre qui connaîtra 20 ans de pérégrinations avant de reposer dans le cimetière de la Récolta à Buenos Aires. (C’est d’ailleurs la tombe qui est toujours fleurie actuellement).
    Son cercueil passera des jours dans un camion qui se déplaçait dans la ville, dans le bureau du colonel des services secrets chargé de s’en occuper, dans une chambre de la maison d’un officier supérieur de l’armée, derrière l’écran d’un cinéma puis partira en Italie, en Espagne etc…Il obsédera jusqu’à la fin de leur vie et jusqu’à la folie deux officiers des services secrets….
    L’avis :
    C’est un roman captivant qui est à la fois une biographie, un document historique, un thriller et un reportage. C’est le roman argentin le plus traduit dans le monde. Il est bien écrit et surtout très bien construit. Il m’a procuré un grand plaisir de lecture, beaucoup d’étonnement face à l’histoire mouvementée de ce cercueil et aussi face aux personnalités qui en avaient la charge. L’Argentine comme si vous y étiez !!!! (Martine)

    «Le voyage d’Octavio» de Miguel Bonnefoy
    L’auteur :
    Miguel Bonnefoy partage ses racines entre la France, le Chili et le Venezuela. Il est lauréat du prix « jeune écrivain francophone » pour sa réécriture du mythe d’Icare. Il dit être dans la veine magique creusée par Garcia Marquez ou d’Alejo Carpentier et Julio Cortázar.
    Le thème :
    Le roman est un récit allégorique qui raconte la grande histoire du Venezuela à travers la petite histoire des tribulations épiques d’un paysan analphabète. Le livre débute par l’évocation de l’histoire du 20 aout 1908 : un bateau en provenance de Trinidad accoste dans le port de La Guaira, près de Caracas, y amenant la poste. Se produit « l’histoire du citronnier du seigneur », le citronnier d’un habitant créole qui en dix mois fera reculer la peste de dix ans et donnera son nom au village et à l’église St Paul du Limon. Octavio vit dans ce village, dans un bidonville. C’est un géant, homme à tout faire, qui vit solitaire et qui cache par tous les moyens sa honte de l’illettrisme (il transporte sur son dos à la pharmacie une table sur laquelle le médecin a écrit son ordonnance). A la pharmacie, il rencontre une femme actrice, Venezuela, qui va l’aider à s’en sortir en lui apprenant à lire et à écrire et ils ont une histoire d’amour….
    Mais il se laisse enrôler par une « confrérie » de cambrioleurs qui cachent leurs trésors dans une église désaffectée et délabrée. Octavio ne prend pas part aux vols, il préfère être « dans l’attente », puis nettoyer les objets volés. Mais un cambriolage est programmé chez Venezuela, qu’il trahit alors et il s’enfuit et parcourt un monde dont il perçoit l’amère beauté mais sans jamais parvenir à comprendre.
    Puis il rencontre un homme mystérieux, qu’il aide à traverser un torrent tumultueux « qui laissa dans cœur une marque inexplicable…Le soleil frappa son visage, plongea dans sa chair les grains d’une victoire… » Il finit, après d’autres aventures par rentrer au bidonville de sa ville et …
    L’avis :
    Ce court roman est teinté d’humour, de poésie et d’émotion. L’écriture est musicale et ciselée pour donner une touche légèrement désuète, comme pour un exotisme indéniable. (Jeanine).


    Comme à chaque fois, l’atelier de lecture est vécu comme un moment enrichissant, privilégié et amical. Alors, continuons et LISONS !!!
    Martine


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  • Atelier de lecture du 05 mars 2015

    « Intempérie » de Jésus CARRASCO
    C’est le premier roman de l’auteur salué comme l’apparition d’une voix nouvelle au langage intense et puissant dans le panorama littéraire espagnol. Il a été élu « livre de l’année 2013 » par les libraires madrilènes.
    Le thème :
    Une immense plaine desséchée par des années sans pluie, un monde fermé sur lui-même et gouverné par la violence. Dans cet enfer, sous un soleil implacable, un petit garçon fuit. Des hommes le cherchent et le poursuivent sans relâche. L’enfant s’obstine dans sa fuite et la rencontre avec un vieux berger va tout changer et lui permettre de survivre dans cet univers impitoyable.
    L’avis :
    Ecriture aride. Images poétiques. Apreté du décor, des senteurs. Ce livre pose une question sur la nature humaine.
    Maria

    « Frida » de Hayden HERRERA
    Le thème :
    Biographie de l’artiste Frida Kahlo qui dresse le portrait d’une femme inoubliable à la vie mouvementée et au tempérament passionné.
    L’avis :
    Personnalité hors du commun, battante qui a choisi la vie malgré son handicap et ses profondes souffrances physiques, elle assume ses choix qui font de son existence un perpétuel défi à la mort. Sa vie est poignante, sa force d’âme, son énergie et sa douleur se retrouvent dans ses tableaux aux couleurs flamboyantes. Cette femme, c’est pour moi un défi perpétuel, une volonté inébranlable. Son œuvre est puissante, forte, cruelle, violente pleine de dérision et aussi d’auto-dérision. C’est un livre passionnant, émouvant qui nous emporte aussi dans le tourbillon de l’histoire et notamment celle de Trotsky et aussi celle de son pays : le Mexique.
    Martine


    « L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir » de Rosa MONTERO
    L’auteur :
    Rosa Montero est née à Madrid et a étudié la psychologie et le journalisme. Elle travaille depuis 1976 au journal « El Pais ». Elle a remporté divers prix littéraires, a publié de nombreux romans, essais et biographies. Elle est très connue et respectée en Espagne. Elle a obtenu le prestigieux prix « Primavera » pour son roman « La fille du cannibale ».
    Le thème :
    Une éditrice demande à Rosa Montero d’écrire la préface du journal de Marie Curie, rédigée après la mort brutale de son mari Pierre. Ayant perdu elle-même son mari Pablo, Rosa Montero « trouve une sœur de combat et de souffrance ». Elle est très impressionnée par ce journal et rend hommage à Marie Curie en écrivant un livre imprégné « d’une passion solaire et d’une admiration éperdue ». Ce livre permet aussi à Rosa Montero de « récupérer la parole », comme elle le dit dans une émission de France Inter (« L’humeur vagabonde »). Elle explique qu’après la mort de son mari, elle n’avait plus l’envie d’écrire et c’est le journal de Marie Curie qui lui en a redonné le goût. Il va lui servir d’étalon pour sa propre vie : « J’ai essayé de réinventer une vie…sa vie me servait de miroir… »
    L’avis :
    « La créativité est une tentative alchimique de transformer la souffrance en beauté…pour que ça ne nous détruise pas. » Rosa Montero.
    Rosa Montero a construit, autour du journal bouleversant d’une femme brisée, un texte vibrant, libre, original, imprégné de réflexions personnelles, de souvenirs intimes. Elle parle du dépassement de la douleur, du deuil, de la reconstruction de soi, des relations entre hommes et femmes, du devoir envers les parents, de la mort, de la vie, de la fragilité, de la culpabilité, de l’ambition.
    Jeanine


    Les autres livres en circulation :
    « La Capitana » d’(Elsa Osorio
    « Le bourreau de Gaudi » d’Aro Sainz de la Maza né en 1951, éditeur, correcteur et traducteur. Première œuvre dans le genre policier qui a obtenu un prix. C’est une chasse à l’homme dans Barcelone autour des œuvres de Gaudi.
    « Un hiver à Madrid » de C.J. Sansom
    « Bataille de chats » d’Eduardo Mendoza
    « L’ombre de l’eunuque » de Jaume Cabré. Josette, l’inconditionnelle de Cabré, nous parle d’une très belle histoire que l’on dénoue au fur et à mesure, comme on déroule le fil d’un écheveau. Elle l’a beaucoup, en a apprécié son style puissant et époustouflant. A noter qu’elle n’est pas la seule inconditionnelle de Cabré au sein du groupe !!!
    « Intempérie » de Jesus Carrasco
    A signaler aussi la très belle revue « Lot et Garonne du monde entier » apportée par Marie-Lou et qui dresse de très beaux portraits de migrants venus s’installer dans ce département.
    La prochaine rencontre aura lieu le jeudi 16 avril chez Pierrette alors tous à nos livres et à notre plaisir de les faire circuler !!!


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